Job
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▲1.1 Il y avait dans le pays de
Uts un homme qui s’appelait Job. Cet homme était intègre et droit ; il
craignait Dieu et s’écartait du mal.
1.2 Il lui
naquit sept fils et trois filles.
1.3 Il
possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de
bœufs, cinq cents ânesses et des serviteurs en très grand nombre. Cet
homme-là était le plus grand de tous les fils de l’Orient.
1.4 Ses
fils allaient faire un festin chez chacun d’eux à tour de rôle, et ils
invitaient leurs trois sœurs à manger et à boire avec eux.
1.5 Et,
quand ils avaient achevé le tour des festins, Job les faisait venir
pour les sanctifier ; et le lendemain, dès le matin, il offrait pour
chacun d’eux un holocauste ; car Job se disait : Peut-être mes fils
ont-ils péché et ont-ils renié Dieu dans leurs cœurs. C’est ainsi que
Job agissait toujours.
1.6 Il
arriva, un jour où les fils de Dieu vinrent se présenter devant
l’Éternel, que Satan aussi vint au milieu d’eux.
1.7 Et
l’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel :
De parcourir la terre et de m’y promener.
1.8
L’Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Car il n’y a
personne comme lui sur la terre, intègre et droit, craignant Dieu et
s’écartant du mal.
1.9 Satan
répondit à l’Éternel : Est-ce gratuitement que Job craint Dieu ?
1.10
N’est-ce pas toi qui l’as entouré d’une haie, lui, sa maison et tout ce
qui est à lui ? Tu as béni le travail de ses mains, et ses troupeaux
couvrent le pays.
1.11 Mais
étends donc la main et frappe tout ce qui lui appartient ; on verra
s’il ne te renie pas en face !
1.12
L’Éternel dit à Satan : Voici, je te livre tout ce qui lui appartient,
mais n’étends pas la main sur lui. Et Satan sortit de la présence de
l’Éternel.
1.13 Il
arriva, un jour où ses fils et ses filles mangeaient et buvaient chez
leur frère aîné,
1.14 qu’un
messager vint vers Job et dit : Les bœufs labouraient et les ânesses
paissaient près d’eux,
1.15 quand
les Sabéens ont fondu sur eux et les ont enlevés ; ils ont passé les
serviteurs au fil de l’épée ; et je me suis échappé moi seul pour te
l’annoncer.
1.16 Il
parlait encore qu’un autre vint et dit : Le feu de Dieu est tombé du
ciel ; il a frappé les brebis et les serviteurs et les a dévorés ; et
je me suis échappé moi seul pour te l’annoncer.
1.17 Il
parlait encore qu’un autre vint et dit : Les Chaldéens, formés en trois
bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont enlevés ; ils ont
passé les serviteurs au fil de l’épée ; et je me suis échappé moi seul
pour te l’annoncer.
1.18 Il
parlait encore qu’un autre vint et dit : Tes fils et tes filles
mangeaient et buvaient chez leur frère aîné,
1.19 quand
vint d’au-delà du désert un vent violent qui a donné contre les quatre
coins de la maison ; elle est tombée sur les jeunes gens et ils sont
morts ; et je me suis échappé moi seul pour te l’annoncer.
1.20 Et Job
se leva et déchira son manteau ; il se rasa la tête, se jeta à terre et
se prosterna.
1.21 Et il
dit : Nu je suis sorti du sein de ma mère, nu j’y retournerai ;
l’Éternel a donné, l’Éternel a repris ; que le nom de l’Éternel soit
béni !
1.22 En
tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien de malséant à Dieu.
▲2.1 Il arriva, un jour où les
fils de Dieu vinrent se présenter devant l’Éternel, que Satan aussi
vint au milieu d’eux se présenter devant l’Éternel.
2.2 Et
l’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Satan répondit à l’Éternel : De
parcourir la terre et de m’y promener.
2.3
L’Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Car il n’y a
personne comme lui sur la terre, intègre et droit, craignant Dieu et
s’écartant du mal ; il persévère toujours dans son intégrité, et tu
m’as excité, contre lui pour que je le perde sans motif.
2.4 Satan
répondit à l’Éternel et dit : Peau pour peau ; un homme donnera pour sa
vie tout ce qui lui appartient.
2.5 Mais
étends donc la main, frappe ses os et sa chair ; on verra s’il ne te
renie pas en face !
2.6
L’Éternel dit à Satan : Voici, il est en ton pouvoir ; seulement
respecte sa vie.
2.7 Satan
sortit de la présence de l’Éternel ; il frappa Job d’un ulcère malin,
de la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête.
2.8 Job
prit un tesson pour se gratter, et il était assis sur la cendre.
2.9 Et sa
femme lui dit : Tu persévères encore dans ton intégrité ? Renie Dieu et
meurs !
2.10 Et il
lui dit : Tu parles comme parle une femme insensée. Quoi ! Nous
recevrions les biens de la main de Dieu, et nous n’en recevrions pas
les maux ? En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres.
2.11 Trois
amis de Job apprirent tous ces malheurs qui lui étaient arrivés. Ils
vinrent, chacun de son pays, Éliphaz de Théman, Bildad de Suach et
Tsophar de Naama, et se concertèrent pour aller le plaindre et le
consoler.
2.12 Ayant
levé les yeux de loin, ils ne le reconnurent pas ; et ils élevèrent la
voix et pleurèrent ; ils déchirèrent chacun leur manteau et jetèrent
vers le ciel de la poussière pour qu’elle retombât sur leurs têtes.
2.13 Ils
restèrent assis sur la terre près de lui, sept jours et sept nuits ;
aucun d’eux ne lui disait une parole, parce qu’ils voyaient que sa
douleur était très grande.
▲3.1 Après cela Job ouvrit la
bouche et maudit le jour de sa naissance.
3.2 Et Job
prit la parole et dit :
3.3 Périsse
le jour où je suis né, Et la nuit qui a dit : Un homme est conçu !
3.4 Ce
jour-là, qu’il soit ténèbres, Que Dieu, d’en haut, ne s’en informe pas,
Que la lumière ne resplendisse pas sur lui !
3.5 Que les
ténèbres et l’obscurité le réclament, Qu’une nuée repose sur lui, Que
des éclipses l’épouvantent !
3.6 Cette
nuit-là, qu’une sombre brume s’en empare, Qu’elle ne compte pas dans
les jours de l’année, Qu’elle n’entre pas au nombre des mois !
3.7 Voici,
que cette nuit-là soit stérile, Que l’allégresse en soit bannie !
3.8 Qu’ils
la marquent d’un signe, ceux qui maudissent les jours, Ceux qui sont
experts à exciter le Léviathan !
3.9 Que les
astres de son matin s’obscurcissent, Qu’elle s’attende à la lumière et
qu’il n’en vienne pas, Et qu’elle ne voie pas les paupières de l’aurore,
3.10
Puisqu’elle n’a pas fermé les portes du sein qui m’a porté, Et qu’elle
n’a pas dérobé le malheur à mes yeux.
3.11
Pourquoi ne suis-je pas mort dès les entrailles de ma mère ? Pourquoi
n’ai-je pas expiré en sortant de son sein ?
3.12
Pourquoi des genoux m’ont-ils reçu ? Pourquoi des mamelles, pour
m’allaiter ?
3.13 Car
maintenant, je serais couché et je serais tranquille ; Je dormirais, et
alors j’aurais du repos,
3.14 Avec
les rois et les arbitres du monde, Qui se sont bâti des ruines ;
3.15 Ou
avec les princes à qui l’or appartenait, Qui remplissaient leurs
maisons d’argent ;
3.16 Ou
bien, comme l’avorton caché, je n’aurais pas vécu, Comme les petits
enfants qui n’ont pas vu la lumière.
3.17 Là,
les méchants cessent de tourmenter, Là se reposent ceux qui sont privés
de force ;
3.18 Les
captifs sont réunis en sécurité ; Ils n’entendent pas la voix de
l’exacteur.
3.19 Petits
et grands s’y confondent, L’esclave y est libre de son maître.
3.20
Pourquoi donner la lumière aux malheureux, Et la vie à ceux qui ont
l’amertume dans l’âme ;
3.21 Qui
souhaitent la mort, et elle ne vient pas, Et qui la recherchent plus
ardemment que des trésors ;
3.22 Qui se
réjouiraient jusqu’à l’allégresse, Tressailleraient de joie, s’ils
trouvaient le tombeau ;
3.23 À
l’homme dont la route est obscure, Et que Dieu enferme de toutes parts ?
3.24 Car
mes gémissements me tiennent lieu de pain, Mes rugissements se
répandent comme les eaux ;
3.25 Car,
dès que je crains un mal, il m’atteint, Et ce que je redoute m’arrive.
3.26 Avant
que j’aie pu trouver trêve, paix et repos, Viennent de nouveaux
tourments !
▲4.1 Éliphaz de Théman prit la
parole et dit :
4.2 Si l’on
se hasarde à t’adresser la parole, seras-tu fâché ? Mais qui pourrait
garder le silence ?
4.3 Voici,
tu en as redressé plusieurs, Et tu as fortifié les mains débiles ;
4.4 Tes
paroles ont relevé celui qui bronchait, Tu as affermi les genoux
chancelants.
4.5 Mais
maintenant que c’est toi qui es atteint, tu es fâché ; Parce que tu es
frappé, tu es éperdu !
4.6 Ta
piété n’est-elle pas ta force, Et l’intégrité de tes voies, ta
confiance ?
4.7
Rappelle-toi si jamais innocent a péri ; Si quelque part les hommes
droits ont été détruits.
4.8 À ce
que j’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité Et qui sèment le malheur, le
récoltent.
4.9 Au
souffle de Dieu, ils périssent ; Ils sont consumés par le vent de sa
colère.
4.10 Les
rugissements du lion, les grondements de sa voix sont étouffés ; Les
dents des lionceaux sont arrachées.
4.11 Le
lion périt, faute de proie, Et les petits de la lionne sont dispersés.
4.12 Une
parole s’est glissée jusqu’à moi, Et mon oreille en a perçu le murmure,
4.13 Comme
j’étais livré aux pensées qu’inspirent les visions de la nuit, À
l’heure où un profond sommeil s’abat sur les hommes.
4.14 Une
frayeur me surprit avec un tremblement, Et secoua tous mes os.
4.15 Un
souffle passa sur mon visage, Les poils de ma chair se dressèrent.
4.16 Un
être était là, dont je ne reconnaissais pas les traits ; Une figure,
devant mes yeux. J’entendis un murmure, puis une voix :
4.17 Le
mortel serait-il juste devant Dieu ? L’homme sera-t-il pur devant son
Créateur ?
4.18 Voici,
il ne se fie pas à ses serviteurs, Et dans ses anges il trouve du péché
!
4.19 Que
sera-ce donc de ceux qui habitent des maisons d’argile, fondées sur la
poussière, Et qu’on écrase comme la teigne !
4.20 Entre
le matin et le soir ils sont détruits ; Sans qu’on y prenne garde, ils
périssent à toujours.
4.21 Leur
corde n’est-elle pas arrachée ? Ils meurent sans posséder la sagesse.
▲5.1 Appelle donc ! Quelqu’un te
répondra-t-il ? Et auquel des saints t’adresseras-tu ?
5.2 Car le
dépit tue l’insensé, L’irritation fait mourir l’ignorant.
5.3 J’ai vu
un insensé étendre au loin ses racines, Et soudain j’ai vu sa maison
maudite.
5.4 Ses
fils sont éloignés du salut, On les foule au tribunal et personne ne
les délivre.
5.5 Sa
récolte, un affamé la mange, Il la prend même entre les épines, Et le
filet guette ses biens.
5.6 Car le
malheur ne sort pas de la poussière, Et la souffrance ne germe pas de
la terre ;
5.7 Mais
l’homme naît pour la souffrance, Comme l’étincelle pour s’élever en
l’air.
5.8 Pour
moi, je m’adresserais au Tout-Puissant ; J’exposerais ma cause à Dieu :
5.9 Il fait
des choses grandes, insondables ; Des merveilles qu’on ne saurait
compter ;
5.10 Il
répand la pluie sur la terre, Il envoie les eaux sur la campagne ;
5.11 Il
relève, ceux qui sont abaissés, Et les affligés arrivent à la
délivrance.
5.12 Il
anéantit les projets des fourbes, Et leurs mains ne font rien de sensé.
5.13 Il
prend les habiles dans leur ruse, Et le conseil des fourbes est déjoué.
5.14 De
jour ils se heurtent contre les ténèbres, Ils tâtonnent en plein midi
comme de nuit.
5.15 Ainsi
Dieu délivre le pauvre de l’épée de leur bouche Et de la main du
puissant ;
5.16 Le
faible reprend confiance, Et l’iniquité a la bouche fermée.
5.17 Voici,
heureux est l’homme que Dieu châtie ! Ne méprise pas la correction du
Puissant !
5.18 Car il
fait la blessure, et il la panse ; Il frappe et ses mains guérissent.
5.19 Dans
six afflictions il te délivrera, À la septième encore le mal ne te
touchera pas.
5.20 Dans
la famine il te rachètera de la mort ; Dans la guerre, de la puissance
de l’épée.
5.21 Tu
seras à l’abri du fouet de la langue, Tu ne craindras pas la
dévastation quand elle arrivera ;
5.22 Tu te
riras de la dévastation et de la disette, Tu n’auras pas peur des bêtes
sauvages.
5.23 Car tu
as un pacte avec les pierres des champs, Et les bêtes des champs sont
en paix avec toi.
5.24 Tu
verras ta tente en sûreté ; Et quand tu visiteras tes pâturages, rien
n’y manquera.
5.25 Tu
verras ta postérité nombreuse, Et tes descendants comme l’herbe de la
terre ;
5.26 Tu
entreras mûr dans le sépulcre, Comme une gerbe qu’on enlève en sa
saison.
5.27 Voilà
ce que nous avons trouvé dans nos méditations. Il en est ainsi ;
Écoute-le, et fais-en ton profit !
▲6.1 Job prit la parole et dit :
6.2 Ah ! Si
l’on pesait ma plainte, Et que l’on mit en même temps mon malheur dans
la balance !
6.3
Vraiment, il est plus lourd que le sable des mers ; Voilà pourquoi mes
discours s’égarent.
6.4 Car les
flèches du Tout-Puissant m’ont atteint. Mon esprit en boit le venin,
Les terreurs de Dieu m’assaillent.
6.5
L’onagre se met-il à braire devant l’herbe ? Le bœuf mugit-il devant
son fourrage ?
6.6 Peut-on
manger ce qui est fade et sans sel ? Le blanc de l’œuf a-t-il de la
saveur ?
6.7 Mon âme
refuse d’y toucher ; C’est pour moi un aliment dégoûtant.
6.8 Qui
fera que ma prière soit entendue, Que Dieu réponde à mon attente ?
6.9 Qu’il
plaise à Dieu de m’écraser, Qu’il étende sa main et me retranche !
6.10 Il me
resterait encore cette consolation, Et j’en tressaillerais de joie dans
les maux qu’il ne m’épargne pas : C’est que je n’ai pas renié les
paroles du Saint.
6.11 Quelle
est ma force, pour que j’espère encore, Et la fin qui m’est réservée,
pour que je prenne patience ?
6.12 Ma
force est-elle une force de pierre ? Ma chair est-elle d’airain ?
6.13 Tout
secours ne m’est-il pas refusé ? Toute délivrance n’est-elle pas
refoulée loin de moi ?
6.14
L’homme désespéré a droit à la pitié de son ami, Quand même il aurait
abandonné la crainte du Puissant ;
6.15 Mes
frères ont été perfides comme un torrent, Comme le lit de torrents qui
débordent,
6.16 Qui
sont troublés par la glace, Et dans lesquels s’enfonce la neige.
6.17 Quand
le soleil les brûle, ils tarissent ; Quand viennent les chaleurs, ils
disparaissent de leur lieu.
6.18 Les
caravanes se détournent de leur chemin ; Elles montent dans le désert
et périssent,
6.19 Les
caravanes de Théma les ont cherchés du regard ; Des troupes de Scbéba
ont espéré en eux.
6.20 Ils
ont été trompés dans leur attente ; Ils sont venus jusque-là et ont été
confus.
6.21 En
effet, vous n’êtes rien ; Vous voyez un objet d’effroi, et vous vous
effrayez.
6.22 Est-ce
que j’ai dit : Donnez-moi, Faites-moi part de vos biens,
6.23
Sauvez-moi de la main de l’oppresseur, Délivrez-moi de la main des
violents ?
6.24
Instruisez-moi, je me tairai ; Montrez-moi en quoi j’ai erré.
6.25
Qu’elles sont puissantes, les paroles de droiture ! Mais à quoi servent
tes exhortations ?
6.26
Voulez-vous donc blâmer des mots ? Mais on livre au vent les paroles du
désespéré !
6.27 Vous
jetteriez le sort même sur un orphelin, Et vous trafiqueriez de votre
ami !
6.28 Et
maintenant veuillez vous tourner vers moi ; Je ne vous mentirai pas en
face.
6.29
Revenez donc ! Ne vous montrez pas injustes ! Revenez ! Je suis encore
innocent.
6.30 Y
a-t-il de l’injustice sur ma langue ? Mon palais ne discerne-t-il pas
le mal ?
▲7.1 L’homme n’a-t-il pas une
rude corvée sur la terre ? Ses jours ne sont-ils pas comme ceux d’un
mercenaire ?
7.2 Comme
un esclave soupire après de l’ombre, Comme un mercenaire attend son
salaire,
7.3 Ainsi
j’ai eu en partage des mois de malheur, Et l’on m’a assigné des nuits
de souffrance.
7.4 À peine
suis-je couché que je dis : Quand me lèverai-je ? Et l’obscurité se
prolonge, Et je suis rassasié d’inquiétudes jusqu’à l’aube.
7.5 Ma
chair est revêtue de vermine et d’une croûte terreuse ; Ma peau se
cicatrise, puis de nouveau suppure.
7.6 Mes
jours s’en vont plus vite que la navette, Ils se consument sans
espérance.
7.7
Souviens-toi que ma vie n’est qu’un souffle ; Mon œil ne reverra plus
le bonheur.
7.8 L’œil
de celui qui voudra me voir ne m’apercevra pas ; Tes yeux me
chercheront, et je ne serai plus.
7.9 Le
nuage s’évanouit et passe ; Ainsi, qui descend au sépulcre n’en remonte
pas ;
7.10 Il ne
rentre pas dans sa maison ; Son lieu ne le revoit plus.
7.11 Aussi
je ne retiendrai pas ma bouche ; Je parlerai dans l’angoisse de mon
cœur ; Je soupirerai dans l’amertume de mon âme.
7.12
Suis-je la mer, suis-je un monstre marin, Que tu places une garde
contre moi ?
7.13 Si je
dis : Mon lit me consolera, Ma couche m’aidera à porter ma douleur,
7.14 Tu
m’effraies par des songes, Tu m’épouvantes par des visions ;
7.15 C’est
pourquoi mon âme aimerait mieux étouffer ; Je préférerais la mort à ces
os.
7.16 J’en
ai assez ! Je ne vivrai pas éternellement ; Laisse-moi, car mes jours
ne sont qu’un souffle.
7.17
Qu’est-ce que l’homme, que tu l’estimes si haut, Que tu fasses
attention à lui,
7.18 Que tu
le visites tous les matins, Que tu l’éprouves à tous les instants ?
7.19 Quand
enfin cesseras-tu de me regarder, Et me donneras-tu du relâche, ne
fût-ce que le temps d’avaler ma salive ?
7.20 Si
j’ai péché, que t’ai-je pu faire, ô gardien des hommes ? Pourquoi as-tu
fait de moi l’objet de tes attaques, Tellement que je suis à charge à
moi-même ?
7.21
Pourquoi ne pardonnes-tu pas mon offense, Et n’effaces-tu pas ma faute
? Car bientôt je me coucherai dans la poussière ; Tu me chercheras, et
je ne serai plus.
▲8.1 Bildad de Suach prit la
parole et dit :
8.2 Jusqu’à
quand tiendras-tu ce langage, Et les paroles de ta bouche seront-elles
une violente tempête ?
8.3 Dieu
fera-t-il plier le droit, Et le Puissant la justice ?
8.4 Si tes
fils ont péché contre lui, Il les a livrés au pouvoir de leurs fautes.
8.5 Mais si
toi, tu te tournes vers Dieu, Et que tu implores le Puissant,
8.6 Si tu
es pur et droit, Alors certes il s’éveillera en ta faveur, Il rétablira
la demeure de ta justice ;
8.7 Ton
commencement aura été petit, Ta fin sera fort grande.
8.8 En
effet, informe-toi auprès des générations anciennes, Applique ton cœur
à la sagesse des pères ;
8.9 Car
nous, nous sommes d’hier et nous ne savons rien, Car nos jours sont une
ombre sur la terre.
8.10 Ne
t’instruiront-ils pas, ne te parleront-ils pas, Et ne feront-ils pas
sortir de leur cœur ces paroles :
8.11 Le
papyrus croît-il où il n’y a pas de marais ? Le jonc s’élève-t-il où il
n’y a pas d’eau ?
8.12 Quand
il en est encore à son premier jet et qu’il n’est pas mûr pour la faux,
Il sèche avant toute autre herbe.
8.13 Tels
sont les sentiers de tous ceux qui oublient Dieu ; Et l’espérance de
l’impie périra.
8.14 Son
assurance se brise, Sa confiance est une toile d’araignée.
8.15 Il
s’appuie sur sa maison, elle ne tient pas ; Il s’y cramponne, elle ne
reste pas debout.
8.16 Il
verdoie en plein soleil, Ses rejetons s’étendent sur tout son jardin ;
8.17 Ses
racines s’entrelacent dans les pierres, Il pénètre jusqu’au roc ;
8.18 Mais
qu’on l’arrache de sa place, Elle le renie : Je ne t’ai jamais vu !
8.19 Telle
est la joie de sa vie, Et de la poussière d’autres germeront.
8.20 Dieu
ne rejette donc pas l’homme intègre ; Mais il ne prend pas les méchants
par la main.
8.21 Il
remplira encore ta bouche de rire, Et tes lèvres de jubilation.
8.22 Ceux
qui te haïssent seront revêtus de honte, La tente des méchants
disparaîtra.
▲9.1 Job prit la parole et dit :
9.2
Assurément, je sais qu’il en est ainsi ; Et comment un homme serait-il
juste devant Dieu ?
9.3 S’il
lui plaisait de plaider contre Dieu, Il ne lui répondrait pas sur un
point entre mille.
9.4 Il est
sage en son entendement et puissant en force ; Qui l’a bravé et s’en
est retiré sain et sauf ?
9.5 Il
bouleverse les montagnes à l’improviste ; Il les renverse dans sa
colère.
9.6 Il
ébranle la terre sur ses bases, Et ses colonnes tremblent.
9.7 Il
parle au soleil, et il ne se lève pas, Il met un sceau sur les étoiles.
9.8 Il
étend les cieux, lui seul, Il marche sur les hauteurs de la mer.
9.9 Il crée
la Grande Ourse, Orion, les Pléiades, Et les régions reculées du Midi.
9.10 Il
fait des merveilles insondables, Des prodiges sans nombre.
9.11 Voici,
il passe devant moi sans que je le voie ; Près de moi, sans que je
l’aperçoive.
9.12 Voici,
il emporte une proie ; qui le fera revenir ? Qui lui dira : Que fais-tu
?
9.13 Dieu
ne retire pas sa colère ; Sous lui se sont courbés les auxiliaires de
Rahab ;
9.14 Et
moi, j’oserais lui répondre ? Je choisirais mes paroles en sa présence ?
9.15 Si
même j’avais raison, je ne répondrais pas, J’implorerais la clémence de
mon juge.
9.16 Si
même je l’appelais et qu’il me répondit, Je ne croirais pas qu’il
voulût entendre ma voix,
9.17 Lui
qui fond sur moi dans un tourbillon, Et multiplie mes blessures sans
cause ;
9.18 Qui ne
me laisse pas reprendre haleine, Tant il me rassasie d’amertume !
9.19 S’il
s’agit de force, me voici ! S’il s’agit de droit, qui m’assignera ?
9.20 Si
même j’avais raison, ma bouche me condamnerait ; Si même j’étais
innocent, il me ferait passer pour coupable.
9.21
Innocent, je le suis ! Je ne fais nul cas de ma vie ; Je méprise
l’existence.
9.22 C’est
tout un ! C’est pourquoi je le dis : Il fait périr, également
l’innocent et le coupable.
9.23 Si un
fléau produit une mortalité soudaine, Il se rit du désespoir, des
innocents.
9.24 La
terre est livrée au pouvoir des méchants ; Il voile la face de ceux qui
la jugent. Si ce n’est pas lui, qui est-ce donc ?
9.25 Mes
jours se sont enfuis plus vite qu’un courrier ; Ils ont passé sans voir
le bonheur.
9.26 Ils
ont glissé comme des nacelles de jonc, Comme un aigle qui fond sur sa
proie.
9.27 Si je
dis : Je veux oublier ma plainte, Je veux laisser là ma figure triste
et paraître joyeux,
9.28 Je
tremble devant toutes mes douleurs ; Je sais que tu ne m’acquitteras
pas.
9.29 Je
suis condamné d’avance ; Pourquoi donc me tourmenterais-je en vain ?
9.30 Quand
je me laverais avec de la neige, Que je nettoierais mes mains avec du
savon,
9.31 Alors
même tu me plongerais dans la fange, Et mes habits me prendraient en
horreur.
9.32 Car il
n’est pas un homme comme moi, que je puisse lui répondre, Et que nous
puissions aller ensemble en jugement.
9.33 Il n’y
a pas entre nous d’arbitre Qui pose sa main sur nous deux.
9.34 Qu’il
retire sa verge de dessus moi, Que sa terreur ne m’épouvante plus !
9.35 Alors
je parlerai sans le craindre, Car je ne me sens pas coupable.
▲10.1 Mon âme est dégoûtée de la
vie ; Je veux donner libre cours à ma plainte, je veux parler dans
l’amertume de mon âme.
10.2 Je
dirai à Dieu : Ne me condamne pas, Fais-moi savoir pour quel sujet tu
plaides contre moi.
10.3 Te
sied-il d’opprimer, Et de mépriser l’ouvrage de tes mains, Tandis que
tu favorises le conseil des méchants ?
10.4 As-tu
des yeux de chair ? Vois-tu comme voient les mortels ?
10.5 Tes
jours sont-ils comme ceux d’un mortel, Tes années comme les jours d’un
homme,
10.6 Pour
que tu recherches mon iniquité, Que tu t’informes avec soin de mon
péché,
10.7
Quoique tu saches que je ne suis pas coupable, Et que personne ne peut
délivrer de ta main !
10.8 Tes
mains m’ont formé et façonné De toutes parts, et tu veux me détruire !
10.9
Souviens-toi que tu m’as façonné comme de l’argile ; Et tu veux me
faire retourner à la poussière !
10.10 Ne
m’as-tu, pas fait couler comme du lait, Ne m’as-tu pas rendu solide
comme du laitage pressé ?
10.11 Tu
m’as revêtu de peau et de chair, Tu m’as entrelacé d’os et de nerfs ;
10.12 Tu
m’as donné vie et faveur, Ta providence a veillé sur mon souffle.
10.13 Et
cependant, voici ce que tu as caché dans ton cœur, Et je sais que
c’étaient là tes pensées :
10.14 Quand
je pécherais, tu voudrais t’en souvenir, Et ne pas m’acquitter de mon
iniquité.
10.15 Quand
j’aurais tort, malheur à moi ! Innocent, je ne pourrais lever la tête ;
Rassasié de honte, témoin de ma propre misère,
10.16 Si je
levais la tête, tu me poursuivrais comme un lion, Tu te glorifierais de
nouveau contre moi.
10.17 Tu
produirais d’autres témoins contre moi, Tu augmenterais ton irritation
; Des troupes de renfort m’environneraient.
10.18
Pourquoi donc m’as-tu fait sortir du sein de ma mère ? J’aurais expiré
et aucun œil ne m’aurait vu.
10.19 Je
serais comme si je n’eusse pas été ; On m’aurait porté du sein maternel
au tombeau.
10.20 Ma
durée n’est-elle pas peu de chose ? Qu’il cesse donc ! Qu’il me laisse,
pour que je puisse un peu me réjouir,
10.21 Avant
que je m’en aille, pour ne plus revenir, Dans le pays des ténèbres et
de l’ombre de la mort,
10.22 Pays
d’obscurité comme la nuit, Pays d’ombre de mort et de désordre, Où le
jour est comme la nuit.
▲11.1 Tsophar de Naama prit la
parole et dit :
11.2 Cette
abondance de paroles restera-t-elle sans réponse ? Et suffira-t-il de
beaucoup parler pour avoir raison ?
11.3 Ton
babil fera-t-il taire les gens ? Railleras-tu sans que personne te
fasse honte,
11.4 Que tu
dises : Ma doctrine est pure, Je suis net à tes yeux !
11.5 Ah !
Si seulement Dieu voulait parler, Ouvrir ses lèvres pour te répondre !
11.6 Il te
révélerait les mystères de sa sagesse qui sont doubles en science ; Et
tu saurais que Dieu oublie une partie de ton iniquité.
11.7
Peux-tu toucher les profondeurs de Dieu, Atteindre les bornes du
Puissant ?
11.8 Ce
sont les hauteurs des cieux… Que ferais-tu ? Ce sont des profondeurs
plus grandes que celles du sépulcre… Que saurais-tu ?
11.9 La
mesure en est plus longue que la terre, Plus large que la mer.
11.10 S’il
survient et emprisonne Et qu’il fasse comparaître, qui le fera revenir
en arrière ?
11.11 Car
lui connaît les hommes de rien, Il voit le mal sans effort d’attention.
11.12 Ainsi
l’homme insensé prend de la raison, Et le poulain de l’onagre devient
un être raisonnable,
11.13 Si tu
disposes ton cœur Et que tu étendes les mains vers lui,
11.14 Si tu
éloignes le mal qui se trouve entre tes mains, Et que tu ne fasses pas
habiter l’iniquité dans tes tentes,
11.15 Alors
tu lèveras un front sans tache, Tu seras solide et tu ne craindras pas.
11.16 Oui,
toi, tu oublieras ton malheur, Tu t’en souviendras comme d’eaux qui se
sont écoulées.
11.17 La
vie se lèvera pour toi plus brillante que le plein midi ; Qu’il fasse
sombre, ce sera comme le matin.
11.18 Tu
seras plein de confiance, car il y aura espérance ; Tu regarderas
autour de toi et tu reposeras en paix,
11.19 Dans
ton repos, personne ne t’effraiera ; Beaucoup rechercheront ta faveur.
11.20 Mais
les yeux des méchants se consumeront, Plus de refuge pour eux ! Et leur
espérance sera de rendre le dernier souffle.
▲12.1 Job prit la parole et dit :
12.2
Assurément vous êtes seuls des hommes, Et avec vous mourra la sagesse !
12.3 Moi
aussi, j’ai une raison comme vous, Je ne vous suis pas inférieur… Qui
ne sait tout ce que vous dites là ?
12.4 Je
suis devenu un homme qui est la risée de ses amis, Moi qui invoquais
Dieu et il me répondait ; La risée ! … moi juste et intègre !
12.5 Mépris
au malheur ! Voilà les pensées des heureux ; On frappe ceux dont le
pied chancelle,
12.6 Tandis
que les tentes des brigands sont en paix, Que les contempteurs de Dieu
vivent en pleine sécurité, Eux qui ont leur dieu à la main !
12.7
Cependant, interroge les bêtes, et elles t’instruiront ; Les oiseaux
des cieux, et ils t’en remontreront.
12.8
Adresse tes méditations à la terre, et elle t’instruira ; Les poissons
de la mer te feront leurs récits.
12.9 Parmi
eux tous, qui ne sait Que c’est la main de l’Éternel qui a fait toutes
ces choses,
12.10 Lui
qui tient dans sa main la vie de tous les êtres, Et l’âme de toute
créature humaine.
12.11
L’oreille ne discerne-t-elle pas les paroles, Comme le palais distingue
les aliments ?
12.12 Les
cheveux blancs possèdent la sagesse ; Une longue vie donne
l’intelligence.
12.13
Auprès de lui se trouvent sagesse et puissance, À lui sont conseil et
intelligence.
12.14 Il
renverse, et l’on ne rebâtit pas ; Il enferme quelqu’un, et l’on
n’ouvre pas ;
12.15 Il
arrête les eaux, et elles tarissent ; Il les lâche, et elles
bouleversent la terre.
12.16
Auprès de lui il y a force et prudence ; Il dispose du trompeur et du
trompé,
12.17 Il
emmène en exil les conseillers, Il fait délirer les juges.
12.18 Il
relâche l’autorité des rois, Il ceint leurs reins d’une corde.
12.19 Il
emmène les sacrificateurs en exil, Il renverse les autorités établies.
12.20 Il
enlève la parole aux hommes les plus sûrs, Il ôte le discernement aux
vieillards.
12.21 Il
verse le mépris sur les nobles, Il détache la ceinture des puissants.
12.22 Il
fait sortir de l’obscurité les choses profondes, Il fait sortir à la
lumière l’ombre de la mort.
12.23 Il
fait prospérer les peuples et il les détruit, Il étend les nations et
les emmène.
12.24 Il
enlève la raison aux chefs des multitudes, Et les fait errer dans un
désert sans chemin.
12.25 Ils
tâtonnent dans les ténèbres, sans trouver la lumière, Et il les fait
errer comme un homme ivre.
▲13.1 Tout cela, mon œil l’a vu,
Mon oreille l’a entendu et l’a saisi.
13.2 Ce que
vous savez, je le sais, moi aussi : Je ne vous suis pas inférieur.
13.3 Non !
Mais c’est au Puissant que je veux parler ; Il me plaît d’entrer en
cause avec Dieu.
13.4 Vous,
vous n’employez qu’un vernis trompeur, Vous êtes tous des médecins de
néant !
13.5 Que ne
gardez-vous le silence ! Cela vous serait imputé à sagesse.
13.6
Écoutez donc ma réprimande, Soyez attentifs aux réclamations de mes
lèvres.
13.7
Voulez-vous défendre Dieu par des discours iniques, Prononcer pour lui
des mensonges ?
13.8
Voulez-vous faire acception de personnes en sa faveur, Ou vous faire
ses avocats ?
13.9 Vous
en trouverez-vous bien, quand il sondera vos cœurs ? Le tromperez-vous
comme on trompe un homme ?
13.10 Il ne
manquera pas de vous châtier, Si en secret vous faites acception de
personnes.
13.11 Sa
majesté ne vous épouvantera-t-elle pas, Sa terreur ne tombera-t-elle
pas sur vous ?
13.12 Vos
mémorables sentences sont des sentences de cendre ; Vos forteresses
seront des forteresses d’argile.
13.13
Taisez-vous, et je parlerai, moi, Et qu’il m’arrive ce qu’il pourra !
13.14 Je
veux prendre ma chair entre mes dents, Et mettre ma vie dans mes mains.
13.15 Sans
doute, il me tuera ; je n’espère plus rien ; Je veux lui prouver en
face mon innocence.
13.16 Cela
même servira à ma délivrance, Car un impie ne subsiste pas devant lui.
13.17
Écoutez bien mon discours ; Que mon explication pénètre dans vos
oreilles.
13.18
Voici, j’ai disposé mes arguments, Je sais que j’ai raison.
13.19 Qui
donc plaidera contre moi ? Je me tairais aussitôt et je mourrais.
13.20
Seulement, ne me refuse pas ces deux choses, Et je ne chercherai pas à
me cacher loin de toi :
13.21
Éloigne de dessus moi ta main, Et que tes terreurs ne m’effraient plus !
13.22
Alors, produis ta plainte et je répondrai, Ou bien je parlerai et tu
répliqueras.
13.23
Combien ai-je commis de fautes et de péchés ? Fais-moi connaître mon
offense et mon péché !
13.24
Pourquoi caches-tu ta face Et me regardes-tu comme ton ennemi ?
13.25
Veux-tu épouvanter une feuille qui vole, Poursuivre une paille
desséchée,
13.26 Que
tu écrives contre moi des choses amères, Que tu me tiennes compte des
fautes de ma jeunesse,
13.27 Que
tu mettes mes pieds dans des entraves, Que tu surveilles tous mes
sentiers, Que tu traces une limite à mes pas ?
13.28 Et
lui, il tombe en poussière comme un bois pourri, Comme un habit que la
teigne a dévoré.
▲14.1 L’homme, né de la femme,
Vit peu de jours et il est rassasié de tracas.
14.2 Comme
une fleur, il germe, on le coupe ; Il fuit comme une ombre et n’a point
de consistance.
14.3 Et
c’est sur un tel homme que tu as l’œil ouvert, C’est moi que tu
appelles en justice contre toi !
14.4 Quel
être pur est sorti d’un être impur, Pas un seul !
14.5
Puisque ses jours sont comptés, Que tu connais le nombre de ses mois,
Que tu lui as posé un terme qu’il ne peut franchir,
14.6
Détourne de lui tes regards, et qu’il puisse respirer, Qu’il jouisse du
moins comme un mercenaire de la fin de sa journée ;
14.7 Car
pour un arbre il reste de l’espoir ; Coupé, il verdira encore, Il ne
laisse pas de produire des rejetons.
14.8 Si sa
racine vieillit dans la terre, Et que son tronc meure dans la poussière,
14.9 À
peine il sent l’eau, qu’il germe, Qu’il pousse des branches comme une
jeune plante.
14.10 Mais
l’homme, quand il meurt, le voilà étendu ; Et quand le mortel expire,
où est-il ?
14.11 Les
eaux d’un lac s’écoulent, Un fleuve tarit et se dessèche.
14.12 Ainsi
l’homme se couche pour ne plus se relever ; Jusqu’à ce que les cieux
disparaissent, il ne se réveillera plus, Il ne sortira pas de son
sommeil.
14.13 Ah !
Si lu voulais me cacher dans le séjour des morts, Me mettre à l’abri
jusqu’à ce que ta colère soit passée, Me fixer un terme après lequel tu
te souviendrais de moi !
14.14 Quand
l’homme meurt, revit-il ? … Tout le temps de ma corvée, j’attendrais,
Jusqu’à ce qu’on me relevât de mon poste.
14.15 Tu
appellerais, et moi je te répondrais ; Tu languirais après l’œuvre de
tes mains.
14.16 Alors
tu compterais mes pas, Tu ne ferais plus attention à mon péché.
14.17 Mon
offense serait scellée dans un sac, Tu blanchirais mon iniquité.
14.18 Mais
la montagne même tombe et s’écroule, Le rocher est transporté hors de
sa place,
14.19 Les
eaux creusent la pierre, Leurs flots débordés entraînent la poussière
de la terre… Ainsi tu détruis l’espoir de l’homme.
14.20 Tu le
subjugues pour toujours, et il s’en va ; Tu flétris son visage, et tu
le fais disparaître.
14.21 Que
ses enfants soient honorés, il n’en sait rien ; Qu’ils soient dans la
détresse, il ne s’en aperçoit pas.
14.22 Sa
chair ne souffre que pour lui Et son âme n’est dans le deuil que pour
lui.
▲15.1 Éliphaz de Théman prit la
parole et dit :
15.2 Un
sage répond-il par des paroles en l’air ? Gonfle-t-il sa poitrine de
vent,
15.3 En
disputant par des paroles inutiles, Par des mots qui ne lui servent de
rien ?
15.4 Bien
plus, tu anéantis la piété, Tu diminues le respect envers Dieu !
15.5 Car
ton iniquité enseigne ta bouche, Et tu as recours au langage des
fourbes.
15.6 Ta
bouche te condamne et non pas moi, Tes lèvres témoignent contre toi,
15.7 Es-tu
né le premier des hommes ? As-tu été enfanté avant les collines ?
15.8
Entends-tu ce qui se dit dans le conseil de Dieu ? Attires-tu à toi la
sagesse ?
15.9 Que
sais-tu que nous ne sachions pas ? Que comprends-tu, qui ne nous soit
familier ?
15.10 Parmi
nous aussi se trouvent des têtes grises, des vieillards, Plus chargés
de jours que ton père.
15.11
Est-ce trop peu de chose pour toi que les consolations de Dieu, Et que
les paroles douces qu’on t’adresse ?
15.12 Où
t’emporte ton cœur ? Que veulent dire ces roulements d’yeux,
15.13 Que
tu tournes ta colère contre Dieu, Et que tu fasses sortir de ta bouche
de telles paroles ?
15.14
Qu’est-ce que l’homme pour qu’il soit pur, Et le fils de la femme, pour
qu’il soit juste ?
15.15
Voici, il ne se fie pas à ses saints, Et le ciel n’est pas pur à ses
yeux ;
15.16
Combien moins l’abominable et le pervers, L’homme qui boit l’iniquité
comme l’eau !
15.17 Je
veux t’instruire ; écoute-moi ; Je te rapporterai ce que j’ai vu,
15.18 Ce
que les sages ont enseigné, Sans rien cacher de ce qui venait de leurs
pères.
15.19 À eux
seuls le pays avait été donné, Aucun étranger ne passait au milieu
d’eux.
15.20 Tous
les jours de sa vie le méchant est dans les tourments, Pendant le
nombre d’années réservées à l’impie.
15.21 Des
sons effrayants frappent ses oreilles ; En pleine paix, le destructeur
le surprend.
15.22 Il
désespère de jamais sortir de l’obscurité, Il se sent guetté par l’épée.
15.23 Il
erre à la recherche de son pain : Où le trouver ? Il sait qu’un jour
d’obscurité l’attend.
15.24
L’angoisse et le tourment l’épouvantent, Ils l’assaillent comme un roi
prêt à combattre.
15.25 Car
il a étendu la main contre Dieu, Il s’est élevé contre le Puissant,
15.26 Il a
couru contre lui le cou tendu, Sous le dos épais de ses boucliers ;
15.27 Il a
le visage couvert de graisse, Les reins chargé d’embonpoint ;
15.28 Et il
habite des villes détruites, Des maisons où l’on ne doit pas demeurer,
Qui sont destinées à devenir des monceaux de pierres.
15.29 Il ne
s’enrichira pas, sa fortune ne subsistera pas, Ses gerbes ne
s’inclineront pas vers la terre.
15.30 Il
n’échappera pas aux ténèbres ; La chaleur desséchera ses rejetons, Il
disparaîtra par le souffle de sa bouche.
15.31 Qu’il
ne s’appuie pas sur la vanité ; c’est une illusion, Car la vanité sera
sa récompense.
15.32 Et
celle-ci se présentera avant l’heure ; Son rameau ne verdira pas.
15.33 Il
est comme la vigne dont on arracherait le raisin trop tôt, Comme un
olivier dont on ferait tomber les fleurs.
15.34 En
effet, la troupe des impies est stérile ; Le feu dévore les tentes de
l’homme vénal.
15.35 Il
conçoit le mal, et enfante le néant ; Et son sein n’engendre que
déception.
▲16.1 Job prit la parole et dit :
16.2 J’ai
entendu bien des choses pareilles ; Vous êtes tous des consolateurs
fâcheux.
16.3 Y
aura-t-il une fin à ces paroles en l’air ? Qu’est-ce qui t’excite à
répondre ?
16.4 Moi
aussi, je pourrais parler comme vous. Si seulement vous étiez à ma
place, J’arrangerais des discours contre vous, Je secouerais la tête à
votre sujet.
16.5 Je
vous encouragerais… de ma bouche, Je vous calmerais par la pitié… de
mes lèvres !
16.6 Si je
parle, ma douleur ne se calme pas, Si je me tais, en quoi suis-je
soulagé ?
16.7 Mais,
maintenant, tu m’as tout épuisé, Tu as dispersé tout mon entourage,
16.8 Tu
m’as terrassé ; témoignage contre moi ! Mes souffrances imméritées
s’élèvent contre moi ! Et m’accusent en face !
16.9 Sa
colère m’a déchiré et me poursuit ; Il a grincé les dents contre moi,
Mon adversaire me transperce des yeux.
16.10 Ils
ont ouvert la bouche toute grande contre moi, Ils m’ont frappé la joue
ignominieusement, Tous ensemble ils serrent les rangs contre moi.
16.11 Dieu
me livre à l’homme inique, Il me jette entre les mains des méchants.
16.12
J’étais en paix : il m’a accablé, Il m’a saisi à la nuque, et m’a
écrasé, Et m’a posé devant lui comme cible.
16.13 Ses
flèches m’environnent ; Il me perce les reins sans pitié, Il répand ma
bile à terre.
16.14 Il me
fait blessure sur blessure, Il court contre moi comme un puissant
guerrier.
16.15 J’ai
attaché un sac sur ma peau, J’ai enfoncé ma corne dans la poussière.
16.16 Mon
visage est tout rouge de pleurs, Une ombre de la mort repose sur mes
paupières,
16.17 Bien
qu’il n’y ait pas de violence dans mes mains, Et que ma prière soit
pure !
16.18
Terre, ne couvre pas mon sang ! Que mon cri ne s’arrête nulle part !
16.19
Maintenant déjà, voici, mon témoin est dans le ciel, Et mon garant dans
les hauts lieux.
16.20 Mes
amis sont des moqueurs ! C’est vers Dieu que se tournent mes yeux en
pleurs.
16.21 Afin
qu’Il donne raison à l’homme contre Dieu, Au fils de l’homme contre ses
amis.
16.22 Car
les ans qui me sont comptés s’avancent : Je marche sur un sentier d’où
je ne reviendrai pas.
▲17.1 Mon souffle s’en va, mes
jours sont éteints, La tombe seule est à moi.
17.2 Si
seulement je n’étais pas entouré de railleries, Et que mon œil ne dût
pas contempler leurs attaques !
17.3
Dépose, je te prie, [un gage] ; sois toi-même garant pour moi auprès de
toi ! Qui d’autre voudrait me frapper dans la main ?
17.4 Car tu
as fermé leurs cœurs à la sagesse, C’est pourquoi tu ne les laisseras
pas triompher !
17.5 On
invite les amis à partager, Et les yeux des enfants se consument.
17.6 Il m’a
fait passer en proverbe chez les peuples, Et je suis devenu quelqu’un à
qui l’on crache au visage,
17.7
Tellement que mes yeux sont éteints par le chagrin, Et que mes traits
sont tous comme de l’ombre.
17.8 Les
hommes droits en sont stupéfaits, Et l’innocent s’indigne contre
l’impie.
17.9 Mais
le juste poursuit son chemin avec fermeté, Et celui dont les mains sont
pures prend une force nouvelle.
17.10 Mais
vous tous, vous avez beau revenir : je ne trouverai pas un sage parmi
vous.
17.11 Mes
jours ont passé, mes projets sont détruits, Ces trésors de mon cœur !
17.12 Ils
font de la nuit le jour ; En pleine obscurité ils prétendent que le
jour est proch,.
17.13 Quand
je compte sur le sépulcre pour ma demeure, Que j’ai préparé ma couche
dans les ténèbres,
17.14 Que
j’ai dit au tombeau : Tu es mon père ! À la corruption : Ma mère, ma
sœur !
17.15 Où
est donc mon espérance, Et mon espérance, qui pourrait la voir ?
17.16 Elle
descend vers les portes du sépulcre, Et peut-être alors aurons-nous,
elle et moi, du repos dans la poussière.
▲18.1 Bildad de Suach prit la
parole et dit :
18.2
Jusqu’à quand ferez-vous la chasse aux mots ? Soyez raisonnables,
ensuite nous parlerons.
18.3
Pourquoi nous considère-t-on comme des bêtes ? Pourquoi sommes-nous
stupides, à vos yeux ?
18.4 Il se
déchire lui-même dans sa colère ! Est-ce qu’à cause de toi la terre
sera abandonnée, Et le rocher transporté hors de sa place ?
18.5 Oui,
la lumière des méchants s’éteindra, La flamme de son feu ne brillera
pas.
18.6 La
lumière s’est obscurcie dans sa tente, Et sa lampe s’éteindra au-dessus
de lui.
18.7 Son
allure si ferme devient embarrassée, Son propre conseil le fait tomber.
18.8 Car
ses pieds s’engagent dans un filet, Il marche sur des rets.
18.9 Le
piège le prend au talon, Le filet s’empare de lui.
18.10 Une
corde est cachée pour lui dans la terre, Une trappe sur le sentier.
18.11 De
toutes parts des terreurs l’épouvantent Et le poursuivent pas à pas.
18.12 Ses
forces sont détruites par la faim, Et la ruine veille à son côté !
18.13 Sa
chair est dévorée morceau après morceau, Ses membres sont dévorés par
le premier-né de la mort.
18.14 Il
est arraché de sa tente en laquelle il se confiait, Et traîné vers le
roi des épouvantements.
18.15 Dans
sa tente habiteront d’autres que les siens, Du soufre sera semé sur sa
demeure.
18.16 En
bas, ses racines se dessèchent ; En haut, ses branches se fanent.
18.17 Sa
mémoire a disparu de la terre, On ne parle plus de lui nulle part ;
18.18 On le
repousse de la lumière dans les ténèbres, On l’expulse loin du monde.
18.19 Il
n’a, parmi son peuple, ni rejeton, ni descendant, Ni survivant dans ses
campements.
18.20 Son
jour remplit d’effroi les habitants de l’occident Et fait frissonner
ceux de l’orient.
18.21 Il
n’en va pas autrement aux demeures de l’impie, Au séjour de celui qui
ne connaît pas Dieu.
▲19.1 Job prit la parole et dit :
19.2
Jusqu’à quand affligerez-vous mon âme, Et m’écraserez-vous de vos
paroles ?
19.3 Voici
dix fois que vous m’injuriez, Que vous n’avez pas honte de me malmener.
19.4 Si
vraiment j’ai manqué, Mon manquement ne concerne que moi.
19.5 Ou
bien chercheriez-vous vraiment à vous glorifier à mes dépens Et à me
convaincre d’ignominie ?
19.6 Sachez
donc que Dieu m’a fait tort, M’enveloppant de son filet.
19.7 Voici,
je crie : Violence ! Et on ne me répond pas ; Je me lamente, et il n’y
a pas de justice.
19.8 Il
ferme mon chemin, je ne puis passer ; Il place l’obscurité sur mes
sentiers.
19.9 Il m’a
dépouillé de mon honneur, Il a enlevé la couronne de ma tête.
19.10 Il me
brise de tous côtés, c’en est fait de moi ! Il arrache mon espérance
comme un arbre.
19.11 Sa
colère s’embrase contre moi, Il me met au nombre de ses ennemis ;
19.12 Ses
troupes s’avancent ensemble, Elles se fraient un chemin contre moi,
Elles campent tout autour, de ma tente.
19.13 Il a
éloigné de moi mes frères, Mes amis se sont tous détournés de moi.
19.14 Mes
proches ne se montrent plus, Mes intimes m’ont oublié.
19.15 Mes
domestiques et mes servantes me considèrent comme un étranger, Je suis
devenu à leurs yeux un inconnu.
19.16
J’appelle mon serviteur, il ne répond pas ; Il faut que je l’implore de
ma bouche ;
19.17 Mon
haleine est devenue odieuse à ma femme, Mon odeur à mes propres enfants.
19.18 Les
enfants mêmes me méprisent ; Quand je me lève, ils se moquent de moi.
19.19 Mes
familiers m’ont tous en horreur ; Ceux que j’aimais m’ont tourné le dos.
19.20 Mes
os sont collés à ma peau et à ma chair, C’est à peine si je m’échappe
avec la peau de mes dents.
19.21 Ayez
pitié de moi, ayez pitié de moi, vous, mes amis, Car la main de Dieu
m’a frappé.
19.22
Pourquoi me poursuivez-vous comme Dieu, Et êtes-vous insatiables de ma
chair.
19.23 Si
seulement mes paroles étaient écrites, Si elles pouvaient être
consignées dans un livre et gravées,
19.24 Avec
un burin de fer et du plomb Sculptées pour toujours sur le roc !
19.25 Et
moi, je sais que mon vengeur est vivant ; Et qu’il s’élèvera le dernier
sur la poussière.
19.26 Et
quand après ma peau ce reste aura été détruit, Sans ma chair, je verrai
Dieu !
19.27 Oui,
moi, je le verrai propice, Mes yeux le verront, et non pas comme un
étranger ! Mes reins se consument d’attente au-dedans de moi.
19.28 Vous
qui dites : Poursuivons-le avec ardeur ! Et qui trouvez en moi la
racine de tout le mal,
19.29
Craignez pour vous le glaive ! Car la colère est un péché qui mérite le
glaive, Afin que vous sachiez qu’il y a une justice.
▲20.1 Tsophar de Naama prit la
parole et dit :
20.2 À
cause de cela, mes pensées me pressent de répliquer ; Je suis indigné.
20.3 Je
viens d’entendre une leçon injurieuse ; L’esprit, du fond de mon
intelligence, va tirer une réponse.
20.4
Comprends-tu bien que, de tout temps, Depuis que l’homme a été placé
sur la terre,
20.5 Le
triomphe des méchants ne va pas loin, La joie de l’impie ne dure qu’un
instant ?
20.6 Quand
il s’élèverait jusqu’aux cieux, Que sa tête toucherait aux nues,
20.7 Il
périra à toujours comme ses excréments ; Ceux qui le voyaient diront :
Où est-il ?
20.8 Il
s’envolera comme un songe, sans qu’on puisse le retrouver ; Il
s’évanouira comme une vision de la nuit.
20.9 L’œil
qui le regardait, ne le verra plus ; Son lieu ne le contemplera plus.
20.10 Ses
fils devront apaiser les pauvres, Et ses propres mains restituer sa
fortune.
20.11 Ses
os étaient pleins d’une vigueur juvénile ; Avec lui elle se couchera
dans la poussière.
20.12 Quand
même le mal est doux à sa bouche , Qu’il le cache sous sa langue,
20.13 Qu’il
le ménage et ne le laisse pas aller, Qu’il le retienne collé à son
palais ;
20.14 Cette
nourriture se transforme dans ses entrailles, C’est un venin d’aspic
au-dedans de lui.
20.15 Il a
avalé des richesses, il les vomira, Dieu les chassera de son ventre.
20.16 Il
suce du venin d’aspic, La langue de la vipère le tuera.
20.17 Il ne
pourra pas jouir des ruisseaux, Des rivières, des torrents de miel et
de lait.
20.18 Il
rendra ce qu’il a gagné et ne l’avalera pas ; Tous ses biens, il les
restituera Et ne pourra en jouir.
20.19 Il a
écrasé, abandonné les misérables ; Il a démoli des maisons : il ne les
relèvera pas.
20.20 Son
ventre n’a pas connu de repos ; Il ne se sauvera pas avec ce qu’il a de
précieux.
20.21 Rien
n’échappait à sa voracité ; C’est pourquoi son bonheur ne durera pas.
20.22 En
pleine abondance il sera à l’étroit, La main de tous les malheureux
sera sur lui.
20.23 Au
moment où il se remplit le ventre, Dieu enverra contre lui l’ardeur de
sa colère, Et fera pleuvoir sur lui dans ses entrailles.
20.24 S’il
échappe à la cuirasse de fer, L’arc d’airain le transpercera.
20.25 Il
arrache la flèche, elle sort de son dos ; Le trait étincelant sort de
son foie ; Les terreurs de la mort sont sur lui.
20.26 Toute
obscurité est réservée à ses trésors, Un feu que personne n’a allumé
les dévore Et en consume les restes jusque dans sa tente.
20.27 Les
cieux dévoilent son iniquité, La terre se soulève contre lui.
20.28 Les
revenus de sa maison seront dispersés, Emportés au jour de la colère de
Dieu.
20.29 Tel
est le sort que Dieu réserve à l’homme méchant, L’héritage que le Dieu
fort lui assigne.
▲21.1 Job prit la parole et dit :
21.2
Écoutez, écoutez mon discours, Et donnez-moi cette consolation !
21.3
Supportez-moi ; que je parle à mon tour ; Quand j’aurai parlé, tu
pourras te moquer.
21.4 Est-ce
des hommes que je me plains ? Pourquoi donc la patience ne
m’échapperait-elle pas ?
21.5
Tournez-vous vers moi et soyez stupéfaits ; Mettez la main sur la
bouche.
21.6 Quand
j’y pense, je suis épouvanté ; Et un tremblement saisit ma chair.
21.7
Comment se fait-il que les méchants vivent, Arrivent à un âge avancé et
croissent même en puissance ?
21.8 Leur
postérité est établie devant eux, auprès d’eux, Et leurs descendants
sous leurs yeux.
21.9 Leurs
maisons sont en paix, à l’abri de la crainte, La verge de Dieu n’est
pas sur eux ;
21.10 Leurs
taureaux sont toujours féconds, Leurs vaches mettent bas et n’avortent
pas.
21.11 Comme
un troupeau, leurs enfants sortent de chez eux Et prennent leurs ébats.
21.12 Ils
chantent au son de la cymbale et de la harpe, Ils se réjouissent au son
de la flûte.
21.13 Ils
passent leurs jours dans le bonheur ; Ils descendent en un clin d’œil
au séjour des morts.
21.14 Et
cependant ils disaient à Dieu : Retire-toi de nous ; Nous ne nous
soucions pas de connaître tes voies.
21.15
Qu’est-ce que le Puissant, que nous le servions ? Que gagnerions-nous à
nous approcher de lui ?
21.16
Pourtant ce n’est pas eux qui faisaient leur bonheur… Loin de moi le
conseil des méchants !
21.17
Arrive-t-il souvent que la lampe des méchants s’éteigne, Que le malheur
fonde sur eux, Que Dieu leur donne leur lot dans sa colère,
21.18
Qu’ils soient comme la paille que chasse le vent, Comme la balle
qu’emporte la tempête ?
21.19 Dieu
réserve le malheur pour ses fils !… C’est lui-même qu’il devrait punir,
pour qu’il le sentit,
21.20 Que
ses propres yeux vissent sa ruine, Et qu’il fût abreuvé de la colère du
Puissant !
21.21 Car
que lui importe le sort de sa maison après lui, Quand le nombre de ses
mois est accompli ?
21.22
Enseignera-t-on la science à Dieu, Lui qui juge les esprits célestes ?
21.23 Tel
meurt en pleine prospérité, Parfaitement calme et tranquille.
21.24 Ses
seaux sont pleins de lait, La moelle de ses os est remplie de sève.
21.25 Tel
autre meurt l’âme affligée, Sans avoir goûté le bonheur.
21.26 L’un
comme l’autre s’étend sur la poussière, Les vers les recouvrent.
21.27 Voyez
! Je connais vos pensées, Les jugements que vous portez méchamment sur
moi ;
21.28 Car
vous dites : Où est la maison de l’homme violent ? Où est la tente
qu’habitent les méchants ?
21.29
N’avez-vous pas consulté les voyageurs ? N’en croirez-vous pas leurs
récits,
21.30 Qu’au
jour du malheur, le méchant est épargné, Et qu’au jour de la colère, il
échappe ?
21.31 Qui
est ce qui lui reproche en face sa conduite ? Qui est-ce qui lui rend
selon ce qu’il a fait ?
21.32 On
l’accompagne au sépulcre, Il veille encore sur sa tombe.
21.33 Les
mottes de la vallée lui sont légères ; Tous les hommes suivent ses
traces, Et il a eu de nombreux devanciers.
21.34
Comment donc m’offrez-vous d’aussi vaines consolations ? Il ne reste de
vos réponses que fausseté.
▲22.1 Éliphaz de Théman prit la
parole et dit :
22.2
L’homme serait-il utile à Dieu ? Non, c’est à lui-même que le sage est
utile.
22.3 Est-ce
un avantage pour le Puissant, que tu sois juste ? Ou y a-t-il pour lui
du profit, quand tu vis dans l’intégrité ?
22.4 Est-ce
à cause de ta piété qu’il te châtie ? Qu’il entre en jugement avec toi ?
22.5
N’est-ce pas parce que ta méchanceté est grande, Et qu’il n’y a pas de
fin à tes iniquités ?
22.6 Tu
exigeais sans cause des gages de ton frère, Tu dépouillais les pauvres
de leurs habits.
22.7 Tu ne
donnais pas de l’eau à boire à l’homme altéré, Tu refusais du pain à
l’affamé.
22.8 C’est
à l’homme violent qu’appartenait le pays L’homme considéré en était le
maître.
22.9 Tu
renvoyais des veuves à vide, Tu laissais briser les bras des orphelins.
22.10 Voilà
pourquoi des pièges t’environnent, La terreur te fait trembler soudain.
22.11 Ou
bien, ne vois-tu pas l’obscurité Et les torrents d’eau qui te couvrent ?
22.12 Dieu
n’est-il pas aussi haut que les cieux ? Vois combien sont élevées les
plus hautes des étoiles !
22.13 Et tu
as dis : Qu’est-ce que Dieu sait ? Peut-il juger à travers l’obscurité ?
22.14 Les
nuées le cachent et l’empêchent de voir, Il se promène dans les espaces
du ciel.
22.15 Tu
veux donc rester sur le chemin d’autrefois, Où ont marché les hommes
iniques,
22.16 Qui
ont été engloutis avant le temps, Et dont les fondements ont été comme
un torrent qui s’écoule ;
22.17 Qui
disaient à Dieu : Retire-toi de nous ! Et : Que nous fera le Puissant ?
22.18 Et
cependant, il avait rempli leurs maisons de biens… Loin de moi le
conseil des méchants !
22.19 Les
justes voient cela et s’en réjouissent, L’innocent se moque d’eux, en
disant :
22.20 Voilà
nos adversaires anéantis, Le feu a dévoré leur abondance !
22.21
Accorde-toi donc avec lui et fais la paix ; C’est par là que le bonheur
te reviendra.
22.22
Reçois donc de sa bouche l’enseignement, Mets ses paroles dans ton cœur
!
22.23 Si tu
retournes jusqu’au Puissant, tu seras rétabli. Si tu éloignes
l’iniquité de ta tente,
22.24 Si tu
jettes l’or dans la poussière, L’or d’Ophir parmi les cailloux des
torrents,
22.25 Le
Puissant sera ton or, Il sera pour toi des monceaux d’argent.
22.26 Oui,
alors tu feras du Puissant tes délices, Tu élèveras ton visage vers
Dieu.
22.27 Tu le
prieras et il t’entendra, Tu accompliras tes vœux.
22.28 Si tu
décides quelque chose, cela te réussira ; La lumière resplendira sur
ton chemin.
22.29
Humilié, tu diras : Relèvement ! Il sauve celui dont les yeux sont
baissés ;
22.30 Il
délivre même le coupable, Qui sera délivré par la pureté de tes mains.
▲23.1 Job prit la parole et dit :
23.2
Aujourd’hui encore mon discours [vous paraîtra] une révolte ; [Et
cependant] ma main cherche à étouffer mes soupirs.
23.3 Oh !
Si je savais où le trouver ! J’irais jusqu’à son tribunal,
23.4
J’exposerais ma cause devant lui, Je remplirais ma bouche d’arguments.
23.5 Je
saurais les raisons qu’il peut m’opposer, Je verrais ce qu’il a à me
dire.
23.6
Plaiderait-il contre moi dans la plénitude de sa force ? Non !
Seulement il ferait attention à moi !
23.7 Alors
ce serait un juste qui plaiderait contre lui, Je serais délivré à
toujours de mon juge.
23.8 Mais
maintenant, que j’aille devant moi, il n’y est pas ; Derrière, je ne
l’aperçois pas.
23.9 Il
exerce son pouvoir à ma gauche, et je ne puis le trouver ; Il se tourne
vers la droite, et je ne le vois pas.
23.10 Car
il connaît le chemin que je suis ; S’il voulait me mettre à l’épreuve,
j’en sortirais pur comme de l’or.
23.11 Mon
pied s’en est tenu à ses pas, J’ai observé sa voie sans m’en écarter.
23.12 Le
commandement de ses lèvres, je ne m’en éloignais pas ; Plus que ma
propre volonté, j’ai gardé avec soin les paroles de sa bouche.
23.13 Mais
il a pris une résolution ; qui l’en fera revenir ? Ce que son âme a
souhaité, il le fait.
23.14 Car
il accomplira ce qu’il a décidé contre moi, Et il a bien des projets
semblables.
23.15 C’est
pourquoi je suis épouvanté en sa présence ; Quand j’y pense, je tremble
devant lui.
23.16 Dieu
a rendu craintif mon cœur, Le Tout-Puissant m’a épouvanté.
23.17 Car
ce n’est pas à cause de l’obscurité que je suis anéanti, Ni à cause de
moi, qui suis recouvert de ténèbres.
▲24.1 Pourquoi n’y a-t-il pas des
temps réservés de la part du Puissant ? Pourquoi ses amis ne voient-ils
par les jours de sa justice ?
24.2 On
déplace les bornes, On vole un troupeau et on le fait paître ;
24.3 On
enlève l’âne des orphelins, On prend pour gage le bœuf de la veuve.
24.4 On
chasse les pauvres du chemin ; Tous les misérables du pays se cachent.
24.5 Voici,
pareils aux onagres du désert, Ils sortent pour leur, travail cherchant
leur proie ; Le désert doit leur fournir le pain pour leurs enfants.
24.6 Ils
recueillent leur pâture dans les champs, Ils grappillent dans la vigne
du méchant.
24.7 Nus
ils passent la nuit, faute de manteau ; Ils n’ont point de couverture
contre le froid.
24.8 Ils
sont percés par la pluie des montagnes ; N’ayant pas de refuge, ils se
blottissent contre le rocher,
24.9 On
arrache l’orphelin à la mamelle ; On prend des gages sur les malheureux.
24.10
Ceux-ci s’en vont nus, faute d’habits ; Affamés, ils portent des gerbes.
24.11 Dans
les enclos [des méchants] ils font de l’huile, Ils foulent au pressoir
et ont soif.
24.12 De la
ville s’élèvent les soupirs des mourants ; L’âme des blessés crie
vengeance, Et Dieu ne prend pas garde à ces infamies !
24.13
D’autres sont devenus ennemis de la lumière, Ils n’en connaissent pas
les voies, Ils ne restent pas dans ses sentiers.
24.14 À
l’aube le meurtrier se lève, Il tue le malheureux et le pauvre, Et la
nuit il rôde comme un voleur.
24.15 L’œil
de l’adultère épie le crépuscule ; Il dit : Nul œil ne me verra ! Il
met un voile sur sa figure.
24.16 On
fait effraction la nuit ; De jour on s’enferme, On ne connait pas la
lumière.
24.17 Le
matin est pour eux tous l’ombre de la mort : Dès qu’ils le voient, ils
éprouvent les terreurs de la mort.
24.18 Il
est emporté rapidement sur la face des eaux, Sa part sur la terre est
maudite… Il n’ira plus visiter ses vignes !
24.19 La
sécheresse et la chaleur enlèvent les eaux de neige : Le sépulcre, ceux
qui ont péché.
24.20 Le
sein maternel les oublie, Les vers font d’eux leurs délices. On ne
pense plus à eux ; Le crime est brisé comme un arbre.
24.21 C’est
qu’ils dévoraient la femme stérile qui n’avait pas d’enfants, Et ne
faisaient pas de bien à la veuve.
24.22 Mais
[Dieu] prolonge par sa force l’existence des violents ; Il les relève
quand ils désespéraient de la vie.
24.23 Il
leur donne la paix, tellement qu’ils sont affermis ; Ses yeux reposent
sur leurs voies.
24.24 Ils
se sont élevés ; en un instant ils ont disparu ; Ils tombent, ils
s’affaissent comme tous les hommes, Ils sont coupés comme le haut des
épis.
24.25 N’en
est-il pas ainsi ? Qui me convaincra de mensonge ? Qui réduira ma
parole à néant ?
▲25.1 Bildad de Suach prit la
parole et dit :
25.2
Puissance et terreur lui appartiennent, À lui qui fait régner la paix
dans ses lieux élevés.
25.3
Peut-on compter ses troupes ? Sur qui ne se lève pas sa lumière ?
25.4
Comment un homme serait-il juste devant Dieu ? Comment celui qui est né
de la femme serait-il pur ?
25.5 Voici,
la lune elle-même n’est pas claire, Les étoiles ne sont pas pures à ses
yeux ;
25.6
Combien moins l’homme, qui n’est qu’un ver, Le mortel, qui n’est qu’un
vermisseau !
▲26.1 Job prit la parole et dit :
26.2 Quel
secours tu as donné à l’impuissant ! Comme tu as aidé le bras sans
force !
26.3 Quels
conseils tu as donnés à celui qui est privé de sagesse ! Que de savoir
tu as montré !
26.4 À qui
as-tu adressé tes paroles ? De qui vient l’esprit qui a parlé par toi ?
26.5 Les
trépassés tremblent Au-dessous des eaux et de leurs habitants.
26.6 Devant
lui, le sépulcre est à nu Et l’abîme sans voile.
26.7 Il
étend le septentrion sur le vide, Il suspend la terre sur le néant.
26.8 Il
resserre les eaux dans ses nuages, Et la nuée ne crève pas sous leur
poids.
26.9 Il
voile la face de son trône, Il le couvre de ses nuages.
26.10 Il a
tracé un cercle sur la surface des eaux, Là où la lumière confine aux
ténèbres.
26.11 Les
colonnes des cieux sont ébranlées Et tremblent quand il gronde.
26.12 Par
sa force, il épouvante la mer ; Par son intelligence, il brise Rahab.
26.13 Par
son souffle, le ciel devient serein ; Sa main perce le serpent fuyard.
26.14 Ce
sont là les bords de ses voies, Et nous n’en percevons qu’un faible
bruit. Le tonnerre de ses exploits, qui pourrait l’entendre ?
▲27.1 Job continua son discours
sentencieux et dit :
27.2 Par le
Dieu vivant, qui a écarté mon droit, Et par le Puissant, qui a rempli
mon âme d’amertume,
27.3 Tant
que ma respiration sera encore en moi, Et le souffle de Dieu dans mes
narines,
27.4
Certainement mes lèvres ne prononceront pas d’injustice, Ma langue ne
dira pas de fausseté.
27.5 Loin
de moi la pensée de vous donner raison ! Jusqu’à ce que j’expire, je ne
renoncerai pas à maintenir mon innocence !
27.6 J’ai
tenu ferme à ma justice, je ne la lâcherai pas ; Ma conscience ne me
reproche aucun de mes jours.
27.7 Que
mon ennemi soit traité comme le méchant, Mon adversaire comme le
coupable !
27.8 Car
quelle est l’espérance de l’impie quand Dieu tranche, Quand il lui
arrache sa vie ?
27.9 Dieu
entendra-t-il son cri, Quand l’angoisse l’atteindra ?
27.10 Ou
peut-il se réjouir dans le Puissant, Invoquer Dieu en tout temps ?
27.11 Je
vais vous instruire des voies de Dieu, Je ne vous cacherai pas les
conseils du Puissant.
27.12 Mais
tous, vous les avez contemplées : Pourquoi donc avez-vous de si vaines
pensées ?
27.13 Voici
le sort que Dieu réserve à l’homme injuste, L’héritage que les violents
reçoivent du Puissant :
27.14 Si
ses enfants se multiplient, c’est pour l’épée, Ses descendants ne se
rassasieront pas de pain.
27.15 Ses
survivants sont enterrés à peine décédés, Ses veuves ne [les] pleurent
pas.
27.16 S’il
amasse de l’argent comme de la poussière, Qu’il entasse des habits
comme de la boue :
27.17 Il
entasse, mais c’est un juste qui s’en vêtira, Un innocent aura son
argent en partage.
27.18 La
maison qu’il a bâtie est comme celle de la teigne, Comme la cabane que
fait un gardien [de vignes].
27.19
Riche, il se couche ; il ne se relèvera pas ; Il ouvre les yeux et
n’est plus.
27.20 Les
angoisses l’atteignent comme les flots ; La nuit, la tempête l’enlève.
27.21 Le
vent d’Orient l’emporte, il s’en va ; Le vent l’arrache loin de son
lien.
27.22 Dieu
lance [ses flèches] contre lui sans pitié ; Il s’efforce de fuir loin
de sa main.
27.23 On
bat des mains à son sujet, Et de sa demeure on siffle après lui.
▲28.1 Il y a pour l’argent des
lieux d’extraction ; Il y en a pour l’or qu’on affine.
28.2 Le fer
se tire de la poussière, Et de la pierre fondue sort l’airain.
28.3
L’homme a mis fin à l’obscurité ; Il explore, jusqu’aux dernières
profondeurs, Les pierres cachées dans la plus sombre nuit.
28.4 Il
creuse un puits loin des habitations ; Il est ignoré des passants, Il
est suspendu, balancé loin des mortels.
28.5 La
terre d’où sort le pain, On la bouleverse dans ses profondeurs comme
par le feu.
28.6 Ces
pierres fournissent le saphir, On y trouve de la poussière d’or.
28.7 C’est
un chemin que l’aigle ne connaît pas, L’œil du faucon ne l’a pas
discerné,
28.8 Les
fauves orgueilleux ne l’ont jamais foulé ; Le lion n’y passe pas.
28.9
L’homme porte la main sur le roc même, Il remue les montagnes de fond
en comble ;
28.10 Il
taille des tranchées dans les rochers ; Son œil aperçoit toutes sortes
de choses précieuses.
28.11 Il
arrête le suintement des eaux, Et il sort à la lumière les choses
cachées.
28.12 Mais
la sagesse, où la trouver ? Où est le lieu de l’intelligence ?
28.13
L’homme ne connaît rien qui la vaille ; Elle ne se trouve pas dans le
monde des vivants.
28.14
L’abîme dit : Elle n’est point en moi ! La mer dit : Elle n’est point
chez moi !
28.15 On ne
l’obtient pas contre de l’or pur, Et pour la payer on ne pèse pas
d’argent.
28.16 On ne
la met pas dans la balance avec l’or d’Ophir, Avec l’onyx précieux et
le saphir.
28.17 On ne
peut lui comparer l’or ni le verre ; On ne l’échange pas contre des
vases d’or fin.
28.18 Le
corail et le cristal ne sont rien auprès d’elle ; Acquérir la sagesse
vaut mieux que les perles.
28.19 On ne
peut lui comparer la topaze d’Éthiopie, On ne la met pas dans la
balance avec l’or pur.
28.20 Mais
la sagesse, d’où vient-elle ? Où est le lieu de l’intelligence ?
28.21 Elle
est voilée aux yeux de tout vivant, Elle est cachée aux oiseaux des
cieux.
28.22 Le
lieu de destruction et la mort disent : Nous en avons entendu parler.
28.23 C’est
Dieu qui en discerne le chemin, C’est lui qui connaît son lieu ;
28.24 Car
lui regarde jusqu’aux bouts de la terre : Il voit tout ce qui se passe
sous les cieux.
28.25 Quand
il réglait le poids du vent, Qu’il fixait la mesure des eaux,
28.26 Quand
il donnait à la pluie ses lois, Qu’il traçait la route aux éclairs,
28.27 Alors
il vit la sagesse et la manifesta ; Il l’établit et même il la sonda.
28.28 Il
dit à l’homme : La crainte du Seigneur, c’est là la sagesse ; S’écarter
du mal, c’est là l’intelligence.
▲29.1 Job continua son discours
sentencieux et dit :
29.2 Qui me
rendra les mois d’autrefois, Les jours où Dieu me gardait,
29.3 Alors
que, sa lampe brillant sur ma tête, En pleines ténèbres, je marchais à
sa lumière ?
29.4 Que ne
suis-je de nouveau aux jours de mon automne, Quand Dieu veillait en ami
sur ma tente,
29.5 Quand
le Puissant était encore avec moi, Que mes enfants m’entouraient ;
29.6 Quand
mes pieds baignaient dans la crème, Que près de moi le rocher
distillait des ruisseaux d’huile,
29.7 Quand,
montant vers la ville, je me rendais à la porte, Que je me préparais à
m’asseoir sur la place publique !
29.8 À ma
vue, les jeunes gens se cachaient, Les vieillards se levaient et
restaient debout,
29.9 Les
princes retenaient leurs discours Et mettaient la main sur leur bouche.
29.10 La
voix des chefs restait muette, Leur langue était collée à leur palais.
29.11 Car
l’oreille qui m’entendait me disait heureux ; L’œil qui me voyait me
rendait témoignage,
29.12 Parce
que je sauvais le pauvre qui poussait des cris, L’orphelin et l’homme
privé de secours.
29.13 La
bénédiction de celui qui allait périr était sur moi ; Je faisais
tressaillir de joie le cœur de la veuve.
29.14 Je
m’étais revêtu de la justice et elle s’était vêtue de moi ; Ma droiture
me servait de manteau et de turban.
29.15
J’étais les yeux de l’aveugle, Les pieds du boiteux.
29.16 Je
servais de père aux pauvres, J’examinais avec soin la cause de celui
qui m’était inconnu.
29.17 Je
brisais la mâchoire du violent, Et de ses dents j’arrachais la proie.
29.18 Aussi
je me disais : Je mourrai dans mon nid, Mes jours seront aussi nombreux
que le sable.
29.19 Ma
racine sera ouverte à l’eau, La rosée passera la nuit dans mon
branchage.
29.20 Ma
gloire me restera toujours jeune ; Mon arc se renouvellera dans ma main.
29.21 On
m’écoutait et on attendait ; On faisait silence pour [entendre] mon
conseil.
29.22 Quand
j’avais parlé, on n’ajoutait rien, Ma parole descendait sur eux comme
une rosée.
29.23 On
s’attendait à moi comme à la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour
une pluie de printemps.
29.24 Je
leur souriais, quand ils étaient découragés ; Et ils recueillaient les
rayons de mon visage.
29.25 Quand
j’allais chez eux, je m’asseyais à leur tête ; Je trônais comme un roi
au milieu de sa troupe, Comme quelqu’un qui console des affligés.
▲30.1 Et maintenant de plus
jeunes que moi se moquent de moi : Gens dont j’aurais dédaigné de
placer les pères Parmi les chiens de mon troupeau !
30.2 À quoi
m’aurait servi la force de leurs mains ? Ils étaient incapables de
parvenir à maturité.
30.3
Amaigris par la misère et la faim, Ils rongent les lieux arides, Dès
longtemps dévastés et désolés.
30.4 Ils
arrachent l’herbe salée au bord des buissons, La racine des genêts est
leur pain.
30.5 On les
chasse de la société, On crie après eux comme après le voleur.
30.6 Ils
habitent des gorges affreuses, Des trous dans la terre et dans les
rochers.
30.7 Parmi
les buissons, on les entend braire ; Ils se rassemblent sous les épines
;
30.8 Fils
d’insensés, oui, fils de gens sans nom, Ils ont été chassés du pays à
coups de fouet.
30.9 Et
maintenant je suis devenu leur chanson, Le sujet de leurs propos.
30.10 Ils
me détestent, ils se détournent de moi, Ils ne craignent pas de me
cracher au visage.
30.11 Car
il a délié sa corde et m’a humilié, Tellement qu’eux rejettent tout
frein devant moi.
30.12 Cette
engeance se lève à ma droite, Ils me poussent les pieds, Ils fraient
contre moi leurs chemins de malheur.
30.13 Ils
ont détruit mon sentier, Ils travaillent à ma perte, Eux que personne
ne soutient.
30.14 Ils
approchent comme par une large brèche, Ils se précipitent en avant au
milieu des ruines.
30.15 Des
terreurs se tournent contre moi ; Elles emportent ma dignité comme le
vent ; Mon bonheur a passé comme un nuage.
30.16 Et
maintenant mon âme se répand en moi, Des jours de malheur me saisissent.
30.17 La
nuit transperce et détache mes os ; Les douleurs qui me rongent n’ont
pas de repos.
30.18 Par
la grande puissance [de Dieu], mon manteau se transforme, Et n’est plus
que comme la tunique qui m’enserre.
30.19 Il
m’a jeté dans la boue ; Je suis devenu semblable à la poussière et à la
cendre.
30.20 Je
crie vers toi et tu ne me réponds pas, Je me tiens debout et tu me
regardes fixement.
30.21 Tu
deviens cruel envers moi, Tu me fais la guerre avec toute la force de
ta main.
30.22 Tu
m’enlèves sur le vent, tu m’emportes ; Tu me fais disparaître dans la
tempête.
30.23 Car
je le sais : tu me ramènes à la mort, Au rendez-vous de tout ce qui vit.
30.24 Mais
en tombant n’étend-on pas la main ? Ne crie-t-on pas quand on périt ?
30.25
N’ai-je pas pleuré sur l’opprimé, Mon âme ne s’est-elle pas affligée
pour le pauvre ?…
30.26 Car
j’espérais le bonheur, et le malheur est venu ; Je m’attendais à la
lumière, et les ténèbres sont venues.
30.27 Mes
entrailles bouillonnent sans cesse, Des jours de souffrance m’ont
surpris.
30.28 Je
m’avance tout noirci, mais non par le soleil ; Je me lève dans
l’assemblée, et je crie.
30.29 Je
suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches.
30.30 Ma
peau noircie tombe de dessus moi, Mes os brûlent, tant ils sont secs.
30.31 Ma
harpe est devenue un instrument de deuil, Mon chalumeau ne rend que ses
sons plaintifs.
▲31.1 J’avais fait un pacte avec
mes yeux ; Comment aurais-je fait attention à une vierge !
31.2 Quelle
part Dieu [m’] aurait-il envoyée d’en haut, Et quel lot le Puissant, du
haut des cieux ?
31.3 La
ruine n’est-elle pas pour le méchant, Et le malheur pour ceux qui
pratiquent l’iniquité ?
31.4 Dieu
ne voit-il pas ma conduite, Ne compte-t-il pas tous mes pas ?
31.5 Si
j’ai marché dans le mensonge, Si mon pied a couru après la fausseté !…
31.6 Que
Dieu me pèse dans une balance exacte, Il reconnaîtra mon intégrité.
31.7 Si mon
pied s’est détourné du chemin, Si mon cœur a suivi mes yeux, Si quelque
souillure s’est attachée à mes mains,
31.8 Que je
sème, et qu’un autre mange, Et que mes plants soient déracinés !
31.9 Si mon
cœur s’est laissé séduire pour une femme, Si j’ai fait le guet à la
porte de mon prochain,
31.10 Que
ma femme tourne la meule pour un autre, Que d’autres abusent d’elle.
31.11 Car
c’est là un crime, C’est une iniquité punie par les juges.
31.12 C’est
un feu qui dévore jusqu’au lieu de perdition Et qui aurait déraciné
tout mon bien.
31.13 Si
j’ai méprisé le droit de mon serviteur et de ma servante, Quand ils
contestaient avec moi,
31.14 Que
ferais-je quand Dieu se lèvera ? Quand il m’examinera, que
répondrais-je ?
31.15 Celui
qui m’a formé dans le sein de ma mère, ne l’a-t-il pas formé de même ?
N’est-ce pas un même Dieu qui nous a créés dans le sein maternel ?
31.16 Si
j’ai refusé aux pauvres leur désir, Si j’ai fait languir les yeux de la
veuve ;
31.17 Si
j’ai mangé mon pain seul, Sans que l’orphelin en ait goûté,
31.18 Lui
qui m’a eu pour père dès ma jeunesse ; Elle, je l’ai dirigée dès le
sein de ma mère,
31.19 Si
j’ai vu quelqu’un périr faute de vêtement, Et le pauvre sans couverture
;
31.20 Si
ses reins ne m’ont pas béni, Et s’il n’a pas été réchauffé par la
toison de mes brebis ;
31.21 Si
j’ai menacé de ma main l’orphelin, Parce que je me savais soutenu par
les juges,
31.22 Que
mon épaule se détache de mon dos, Que mon bras soit brisé hors de sa
jointure !
31.23 En
effet je redoutais le châtiment de Dieu, Je me sentais impuissant
devant sa majesté.
31.24 Si
j’ai fait de l’or mon assurance, Si j’ai appelé l’or pur ma confiance ;
31.25 Si je
me suis réjoui de ce que mes biens étaient grands, Et de ce que ma main
avait beaucoup amassé ;
31.26 Si
j’ai regardé la lumière du soleil quand elle brillait, Et la lune
s’avançant dans sa splendeur ;
31.27 Si
mon cœur s’est laissé séduire en secret, Si ma main s’est portée à ma
bouche…
31.28 Cela
encore est un crime puni par les juges, Car j’aurais, renié le Dieu
d’en haut !
31.29 Si je
me suis réjoui de la ruine de celui qui me haïssait, Si j’ai tressailli
de joie quand le malheur l’atteignait !…
31.30 Mais
non, je n’ai pas permis à ma langue de pécher, De réclamer sa vie par
une imprécation.
31.31 Si
les gens de ma maison ne disaient pas : Où trouver quelqu’un qui ne se
soit pas rassasié de sa table !
31.32
L’étranger ne passait pas la nuit dehors, J’ouvrais mes portes au
voyageur.
31.33 Si, à
la manière des hommes, j’ai caché mes fautes, Renfermant mon iniquité
dans mon sein,
31.34 Parce
que j’avais peur de la grande multitude, Que le mépris des tribus
m’effrayait, Et que je me tenais coi, sans sortir de ma porte !…
31.35 Ah !
Si j’avais quelqu’un qui voulût m’écouter ! Voici ma signature ; que le
Puissant me réponde ! Ah ! Si j’avais l’acte d’accusation écrit par mon
adversaire !
31.36
Certes, je le porterais sur mon épaule, Je m’en ceindrais comme d’une
couronne ;
31.37 Je
lui rendrais compte du nombre de mes pas, Je m’approcherais de lui
comme un prince.
31.38 Si ma
terre crie contre moi, Et que tous ses sillons pleurent ;
31.39 Si
j’en ai mangé les récoltes sans l’avoir payée, Et si j’ai arraché l’âme
à ses [anciens] propriétaires,
31.40 Qu’au
lieu de froment elle produise des épines, Et au lieu d’orge, des herbes
fétides ! Fin des discours de Job.
▲32.1 Ces trois hommes
s’abstinrent de répondre à Job, parce qu’il était juste à ses propres
yeux.
32.2 Alors
s’enflamma la colère d’Élihu, fils de Barakéel de Buz, de la famille de
Ram ; sa colère s’enflamma contre Job, parce qu’il se déclarait juste
plutôt que Dieu.
32.3 Sa
colère s’enflamma aussi contre ses trois amis, parce qu’ils n’avaient
pas trouvé de quoi répondre et que [néanmoins] ils condamnaient Job.
32.4 Élihu
avait attendu de répondre à Job, parce que ces hommes-là étaient plus
âgés que lui.
32.5 Mais,
voyant qu’il n’y avait point de réponse dans la bouche de ces trois
hommes, Élihu s’enflamma de colère.
32.6 Et
Élihu, fils de Barakéel de Buz, prit la parole et dit : Je suis jeune
et vous êtes des vieillards, C’est pourquoi je me suis tenir en arrière
et j’ai craint De vous exposer ma science.
32.7 Je
pensais : Les jours parleront, Le nombre des années fera connaître la
sagesse ;
32.8 Mais
c’est l’esprit dans l’homme, C’est le souffle du Puissant qui rend
intelligent.
32.9 Ce
n’est pas l’âge qui donne la sagesse, Et les vieillards ne discernent
pas [toujours] ce qui est droit.
32.10 C’est
pourquoi je dis : Écoute-moi ! J’exposerai ma science, moi aussi.
32.11
Voici, j’attendais [quelque chose] de vos discours, Je prêtais
l’oreille à vos raisonnements, Pendant que vous cherchiez des paroles.
32.12 Je
vous ai écoutés attentivement, Et voici, personne n’a réfuté Job ;
Aucun de vous n’a répondu à ses paroles.
32.13 Mais
ne dites pas : Nous avons rencontré la sagesse ; Dieu lui ferait lâcher
pied, et non pas un homme.
32.14 Il ne
m’a pas adressé ses discours ; Et je lui répondrai avec d’autres
paroles que les vôtres.
32.15 Ils
sont effrayés, ils ne répondent plus ; Les paroles leur font défaut !
32.16 J’ai
attendu qu’ils ne parlassent plus, Qu’ils s’arrêtassent et ne
répondissent plus.
32.17 Je
vais répondre, moi aussi, pour ma part ; J’exposerai ma science, moi
aussi.
32.18 Car
je suis plein de paroles, L’esprit me presse au-dedans de moi.
32.19
Voici, mon intérieur est comme un vin qui n’est pas ouvert, Comme des
outres de vin nouveau qui vont se fendre.
32.20 Je
veux parler pour me donner de l’air, J’ouvrirai mes lèvres et je
répondrai.
32.21 Je ne
ferai point acception de personnes, Je ne flatterai nul homme.
32.22 Car
je ne sais pas flatter ; Bientôt mon Créateur m’emporterait !
▲33.1 Mais maintenant, Job,
écoute mes discours, Prête l’oreille à toutes mes paroles.
33.2 Voici,
j’ai ouvert la bouche, Ma langue s’est mise à parler dans mon palais.
33.3 Je
parlerai d’un cœur droit ; Mes lèvres diront fidèlement ce que je sais.
33.4 C’est
l’Esprit de Dieu qui m’a fait ; Le souffle du Puissant m’a donné la vie.
33.5
Réponds-moi, si tu le peux, Prépare tes arguments ; prends position !
33.6 Voici,
je suis égal à toi devant Dieu ; Moi aussi, j’ai été formé d’argile.
33.7 Voici,
ma terreur ne te troublera pas, Mon poids ne t’accablera pas.
33.8 Or
donc, tu as dit devant moi, Et j’ai entendu le son de tes paroles :
33.9 Je
suis pur, sans faute, Je suis net, et il n’y a point d’iniquité en moi.
33.10
Voici, Dieu trouve contre moi des griefs ; Il me regarde comme son
ennemi.
33.11 Il
met mes pieds dans des ceps, Il surveille toutes mes voies.
33.12
Voici, tu n’as pas raison en cela, je te le dis ; Car Dieu est plus
grand que l’homme.
33.13
Pourquoi as-tu contesté contre lui De ce qu’il ne répond à aucune
parole ?
33.14 Et
pourtant Dieu parle une fois, Même deux, mais on n’y prend pas garde.
33.15 En
songe, en visions nocturnes, Quand un profond sommeil tombe sur les
hommes Et qu’ils sont assoupis sur leurs couches,
33.16 Alors
il ouvre l’oreille des mortels Et y scelle les avertissements qu’il
leur donne,
33.17 Pour
détourner l’homme de sa manière d’agir, Pour empêcher qu’il ne se livre
à l’orgueil,
33.18 Pour
préserver son âme de la fosse, Et sa vie du trait qui la menace.
33.19 Il
est repris aussi par la douleur sur sa couche, Une lutte continuelle se
livre dans ses os ;
33.20 Sa
vie lui fait prendre en dégoût le pain, Et son âme la nourriture la
plus désirable.
33.21 Sa
chair se consume et disparaît, Ses os, qu’on ne voyait pas, sont mis à
nu.
33.22 Son
âme s’approche de la fosse, Sa vie, de ceux qui donnent la mort.
33.23 S’il
y a pour lui un ange médiateur, Un entre mille, Qui lui annonce ce
qu’il doit faire,
33.24 Dieu
a compassion de lui et dit : Rachète-le, qu’il ne descende pas dans la
fosse ; J’ai trouvé une rançon !
33.25 Sa
chair [alors] prend plus de fraîcheur que dans sa jeunesse, Il revient
aux jours de son adolescence.
33.26 Il
prie Dieu, et Dieu lui est propice Et lui fait voir sa face avec
allégresse ; Il rend à l’homme sa justice.
33.27 Il se
tourne vers les hommes et dit : J’avais péché, j’avais enfreint la
justice, Et je n’ai pas été traité comme je l’avais mérité.
33.28 Il a
racheté mon âme, pour qu’elle ne descendit pas dans la fosse. Je vis,
et me repais de lumière.
33.29
Voilà, toutes ces choses, Dieu les fait Deux fois, même trois, à
l’homme,
33.30 Pour
ramener son âme de la fosse, Pour l’éclairer de la lumière de la vie.
33.31 Sois
attentif, Job, écoute-moi, Garde le silence, et moi je parlerai.
33.32 Si tu
as des paroles, réponds-moi, Parle, car je désire ta justification.
33.33 Si tu
n’as rien à dire, écoute-moi, Garde le silence, et je t’enseignerai la
sagesse.
▲34.1 Élihu reprit la parole et
dit :
34.2 Sages,
écoutez mes discours, Et vous, gens d’expérience, prêtez-moi l’oreille.
34.3 Car
l’oreille éprouve les discours, Comme le palais goûte les aliments.
34.4
Choisissons la justice, Examinons entre nous ce qui est bien.
34.5 Car
Job a dit : Je suis juste, Dieu a mis de côté mon droit.
34.6 J’ai
raison, et je passe pour menteur ; Ma blessure est douloureuse, et je
suis sans péché.
34.7 Quel
est l’homme qui, semblable à Job, Boit le blasphème comme de l’eau ?
34.8 Il
marche dans la société des ouvriers d’iniquité, Et de compagnie avec
les malfaiteurs.
34.9 Car il
a dit : Il ne sert de rien à l’homme De prendre plaisir à être avec
Dieu.
34.10
Écoutez-moi donc, hommes de sens ! Loin de Dieu le mal, Et du Puissant
l’iniquité !
34.11 Car
il rend à chacun selon ses œuvres, Il fait trouver à chacun le salaire
de sa conduite.
34.12 Non,
assurément, Dieu ne fait pas le mal, Et le Puissant ne tord pas le
droit.
34.13 Qui
lui a remis le soin de la terre ? Qui a établi tout l’univers ?
34.14 S’il
reportait sur lui seul son attention, S’il retirait son esprit et son
souffle,
34.15 Toute
chair expirerait à la fois ; L’homme retournerait à la poussière.
34.16 Si tu
as de l’intelligence, écoute ceci ; Prête l’oreille à mes paroles :
34.17 Celui
qui haïrait le droit pourrait-il dominer ? Ou bien oses-tu condamner le
juste suprême ?
34.18
Dit-on à un roi : Mécréant ! À des princes : Scélérats ?
34.19 Dieu
ne fait point acception de la personne des chefs, Et ne considère pas
le riche plus que le pauvre : Car tous sont l’ouvrage de ses mains.
34.20 En un
instant ils meurent au milieu de la nuit, Un peuple est ébranlé et
disparaît ; Les puissants sont écartés, mais non par une main [d’homme].
34.21 Car
ses yeux sont sur les voies de l’homme, Il voit tous ses pas ;
34.22 Il
n’y a ni obscurité ni ténèbres Où puissent se cacher les ouvriers
d’iniquité.
34.23 Car
Dieu n’a pas besoin d’observer longtemps un homme Pour le faire entrer
en justice avec lui.
34.24 Il
brise des puissants sans information, Et il en met d’autres à leur
place.
34.25 C’est
qu’il connaît leurs œuvres ; Il les renverse de nuit et ils sont
écrasés.
34.26 Il
les frappe, comme des malfaiteurs, À la vue de tout le monde.
34.27 Car
en s’éloignant de lui Et en méconnaissant toutes ses voies,
34.28 Ils
ont fait monter vers lui le cri du misérable, Et l’ont forcé d’entendre
le cri des malheureux.
34.29 S’il
donne du repos, qui l’en blâmera ? S’il cache sa face, qui le verra ?
[Il agit ainsi] à l’égard des nations et des particuliers,
34.30 Pour
que l’impie ne domine pas Et ne soit pas un piège pour les peuples.
34.31 Car
a-t-il jamais dit à Dieu : Je porte la peine de mes péchés, je ne
pécherai plus.
34.32 Ce
que je ne vois pas, enseigne-le-moi ; Si j’ai fait mal, je ne
continuerai pas ?
34.33 Dieu
prendra-t-il ton avis pour rendre la justice, puisque tu l’as critiqué,
Et que c’est toi qui choisis, et non pas moi ? Ce que tu sais, dis-le !
34.34 Les
hommes de sens me diront, Ainsi que l’homme sage qui m’écoute :
34.35 Job
parle sans connaissance, Ses paroles sont sans intelligence.
34.36 Ah !
Que Job soit éprouvé à toujours, Puisqu’il répond comme les méchants.
34.37 Car
il ajoute péché à péché ; Il bat des mains au milieu de nous, Il
multiplie ses paroles contre Dieu.
▲35.1 Élihu reprit la parole et
dit :
35.2 Est-ce
juste, ce que tu as pensé, Ce que tu as dit : Ma justice est éloignée
de Dieu ?
35.3 Car tu
demandes quel profit tu en as : Quel avantage ai-je de plus que si
j’avais péché ?
35.4 Moi,
je te répliquerai, Et à tes amis avec toi :
35.5 Vois
les cieux, et regarde ! Contemple les nuées, qui sont bien plus hautes
que toi.
35.6 Si tu
pèches, quel tort, lui fais-tu ? Si tes fautes se multiplient, quel
dommage lui causes-tu ?
35.7 Si tu
es juste, que lui donnes-tu ? Que reçoit-il de ta main ?
35.8 Ce
n’est qu’un homme, comme tu l’es, que ton péché affecte ; Ta justice ne
profite qu’à un fils d’homme.
35.9 On
crie à cause du grand nombre des oppresseurs, On se plaint de la
violence des grands.
35.10 Mais
on ne dit pas : Où est Dieu, mon Créateur, Qui donne de quoi chanter de
joie pendant la nuit,
35.11 Qui
nous instruit plus que les animaux sauvages, Qui nous rend plus sages
que les oiseaux du ciel ?
35.12 Alors
on crie, mais il ne répond pas, À cause de l’orgueil des méchants.
35.13 Les
plaintes vaines, Dieu ne les écoute pas, Le Puissant ne les considère
pas.
35.14 Même
quand tu dis que tu ne le vois pas, La cause est devant lui, attends-le
!
35.15 Mais
maintenant, parce que sa colère ne punit pas Et qu’il ne se préoccupe
guère de la folie,
35.16 Job
ouvre la bouche en vains propos ; Il multiplie ses discours sans
intelligence.
▲36.1 Élihu continua et dit :
36.2
Attends un peu, et je t’instruirai, Car il y a encore quelque chose à
dire pour Dieu.
36.3 Je
tirerai mon savoir de loin, Je justifierai mon Créateur.
36.4 Car,
certainement, mes paroles ne sont pas des mensonges, Un homme de
parfait savoir est devant toi.
36.5 Voici,
Dieu est puissant, mais il ne méprise personne ; Il est puissant par la
force de son intelligence.
36.6 Il ne
laisse pas vivre le méchant ; Il fait droit aux malheureux,
36.7 Il ne
détourne pas les yeux loin des justes ; Et avec des rois sur le trône
Il les fait asseoir à toujours, afin qu’ils soient élevés.
36.8 S’ils
sont enserrés dans des chaînes, Pris dans les liens du malheur,
36.9 Il
leur fait connaître leur conduite, Leurs fautes, car ils se sont
enorgueillis.
36.10 Il
leur ouvre l’oreille aux avertissements, Il leur dit de renoncer à
l’iniquité.
36.11 S’ils
écoutent et qu’ils obéissent, Ils achèvent leurs jours dans le bonheur
Et leurs années dans le bien-être.
36.12 S’ils
n’écoutent pas, ils meurent transpercés, Ils expirent dans leur
inintelligence.
36.13 Ceux
dont le cœur est impie se mettent en colère ; Ils ne prient pas, quand
Dieu les enchaîne.
36.14 Ils
meurent dans leur jeunesse, Leur vie s’en va comme celle des débauchés.
36.15 Mais
il sauve le malheureux par son malheur même, Il lui ouvre l’oreille par
l’adversité.
36.16 Toi
aussi, il t’aurait retiré de la détresse, Pour te mettre au large, et
non plus à l’étroit ; Ta table aurait été chargée de choses grasses.
36.17 Mais
tu es plein de jugements mauvais, Aussi seras-tu jugé irrévocablement.
36.18 Que
la colère ne t’entraîne donc pas au blasphème ; Que la grandeur de la
rançon ne te détourne pas [du vrai chemin] !
36.19
Seras-tu tiré de détresse par tes cris, Par toutes les forces que tu
déploierais ?
36.20 Ne
soupire pas après la nuit, Qui enlèverait des peuples de leur place.
36.21
Garde-toi de te tourner vers l’iniquité, Car à cause de ton malheur
c’est à cela que tu es disposé ;
36.22 Vois,
Dieu est grand par sa force ; Qui peut enseigner comme lui ?
36.23 Qui
lui dicte sa conduite ? Qui lui a jamais dit : Tu as fait le mal ?
36.24 Songe
à exalter ses œuvres Que célèbrent les hommes.
36.25 Tout
homme les admire, Quoique le mortel ne les contemple que de loin.
36.26
Voici, la grandeur de Dieu, nous ne la connaissons pas ; Le nombre de
ses années est incalculable.
36.27 Il
fait monter les gouttes d’eau ; Des nuages qu’il a formés la pluie
tombe.
36.28 Les
nuées la distillent Et la font couler sur la multitude des humains.
36.29 Et
qui comprendra le déploiement des nues, Le fracas de son pavillon ?
36.30
Voici, il déploie autour de lui sa lumière, Il se couvre des
profondeurs de la mer.
36.31 C’est
par là qu’il juge les peuples Et qu’il leur donne la nourriture en
abondance.
36.32 Il
remplit ses mains d’éclairs Et les envoie contre ses ennemis ;
36.33 Son
grondement l’annonce, Les bestiaux mêmes pressentent son approche.
▲37.1 Ah ! Mon cœur en tremble,
Il tressaute hors de sa place !
37.2
Écoutez donc le fracas de sa voix, Le grondement qui sort de sa bouche !
37.3 Il le
fait retentir sous tous les cieux, Et ses éclairs vont jusqu’aux
extrémités de la terre.
37.4
Aussitôt sa voix mugit, Il tonne de sa voix majestueuse ; Quand sa voix
se fait entendre, ses foudres ne sont plus dans sa main.
37.5 Dieu
tonne merveilleusement de sa voix ; Il fait de grandes choses, que nous
ne connaissons pas.
37.6 Car à
la neige il dit : Tombe sur la terre ; Il le dit à la pluie, aux pluies
torrentielles les plus fortes.
37.7 Il met
les scellés sur la main de tout homme, Afin que tous ceux qu’il a créés
comprennent.
37.8
L’animal entre dans son gîte, Et demeure dans sa tanière.
37.9 La
tempête sort de sa retraite, Et les vents violents amènent la froidure.
37.10 Au
souffle de Dieu se produit la glace, Et l’étendue des eaux est à
l’étroit.
37.11 Il
charge d’humidité les nuages ; Il étend au loin ses nuées lumineuses.
37.12
Celles-ci se tournent de côté et d’autre selon ses desseins, Pour faire
tout ce qu’il leur ordonne, En descendant sur la surface de la terre.
37.13 Il
les envoie, soit pour châtier, si sa terre en a besoin, Soit en
témoignage de bonté.
37.14 Prête
l’oreille à ceci, ô Job ; Arrête-toi et considère les merveilles du
Dieu fort.
37.15
Sais-tu comment Dieu les dispose, Et comment il fait éclater la lumière
de ses nues ?
37.16
Comprends-tu le balancement des nuages, Les merveilles de celui qui est
parfaitement sage ?
37.17 Toi
dont les habits deviennent brûlants Quand la terre est immobile sous le
vent du midi,
37.18
Peux-tu, comme lui, étendre les cieux ; Les rendre solides comme un
miroir de fonte ?
37.19
Fais-nous savoir ce que nous devons lui dire. Nous ne pouvons rien
avancer à cause de [nos] ténèbres.
37.20 Lui
annoncera-t-on que je veux parler ? Quelqu’un a-t-il jamais désiré être
englouti ?
37.21 Et
maintenant on n’a jamais pu regarder la lumière, Quand elle brille
entre les nuages Après qu’un vent a passé et les a dissipés.
37.22 L’or
vient du septentrion ; Mais Dieu est entouré d’un éclat redoutable ;
37.23 Le
Puissant, nous ne saurions l’atteindre, Lui qui est grand en force et
en jugement Et qui ne fait pas fléchir la pleine justice.
37.24 Que
les hommes donc le craignent ! Il ne prend point garde à ceux qui se
croient sages.
▲38.1 L’Éternel répondit à Job du
milieu du tourbillon et dit :
38.2 Qui
donc obscurcit le conseil Par des discours sans connaissance ?
38.3
Voyons, ceins tes reins comme un homme ; Je t’interrogerai, et tu
m’instruiras.
38.4 Où
étais-tu quand j’ai fondé la terre ? Parle, si tu possèdes
l’intelligence.
38.5 Qui en
a fixé les mesures, si tu le sais, Ou qui a étendu sur elle le cordeau ?
38.6 Sur
quoi ses piliers ont-ils été fondés, Ou qui en a posé la pierre
angulaire,
38.7 Alors
que les étoiles du matin chantaient en chœur, Que tous les fils de Dieu
poussaient des cris de joie !
38.8 Qui a
fermé la mer avec des portes, Quand elle sortit avec force du sein
maternel ;
38.9 Quand
je lui donnai les nuages pour vêtements, Les sombres vapeurs pour
langes ;
38.10 Quand
je lui donnai pour limites des berges abruptes, Que je lui mis des
barres et des portes ;
38.11 Et
que je dis : Jusqu’ici tu viendras, et pas plus loin ; Ici s’arrêtera
l’orgueil de tes flots !
38.12
As-tu, de ta vie, commandé au matin, As-tu assigné sa place à l’aurore,
38.13 Pour
qu’elle saisisse les extrémités de la terre, Et qu’elle en secoue les
méchants ?
38.14 La
terre est transformée comme l’argile qui reçoit une empreinte ; Toutes
choses se présentent comme un [riche] vêtement ;
38.15 Les
méchants sont privés de leur lumière, Le bras qui se levait [déjà] est
brisé.
38.16 Es-tu
entré jusqu’aux sources de la mer ? T’es-tu promené au fond de l’abîme ?
38.17 Les
portes de la mort se sont-elles montrées à toi ? As-tu vu les portes de
l’ombre de la mort ?
38.18 As-tu
embrassé du regard les vastes espaces de la terre ? Parle, si tu
connais tout cela !
38.19 Quel
est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ? Et les ténèbres,
sais-tu où est leur résidence,
38.20 Pour
aller les chercher dans leur domaine Et pour distinguer les sentiers de
leur demeure ?
38.21 Tu le
sais, car alors tu étais né, Le nombre de tes jours est grand !
38.22 Es-tu
entré jusqu’aux trésors de la neige ? As-tu vu les trésors de la grêle,
38.23 Que
j’ai réservés pour le temps de la détresse, Pour le jour de la bataille
et de la guerre ?
38.24 Par
quel chemin la lumière se répand-elle, Et le vent d’orient souffle-t-il
sur la terre ?
38.25 Qui a
ouvert des canaux à la pluie, Tracé la route aux éclairs,
38.26 Pour
qu’il pleuve sur un pays sans habitants, Sur un désert où il n’y a
point d’hommes,
38.27 Pour
rassasier les solitudes désolées, Et pour faire germer une fraîche
verdure !
38.28 La
pluie a-t-elle un père, Ou qui a engendré les gouttes de rosée ?
38.29 Du
sein de qui est sortie la glace, Et le givre du ciel, qui l’a enfanté ?
38.30 Les
eaux se durcissent comme de la pierre, Et la surface de l’abîme devient
solide.
38.31
Est-ce toi qui noues les liens des Pléiades, Ou qui détaches les cordes
d’Orion ?
38.32
Fais-tu sortir les Hyades en leur temps ? Conduis-tu la Grande Ourse
avec ses petits ?
38.33
Connais-tu les lois du ciel ? Règles-tu son influence sur la terre ?
38.34
Élèves-tu la voix jusqu’aux nues, Tellement que des torrents d’eau te
couvrent ?
38.35 Les
éclairs partent-ils à ton commandement, Et te disent-ils : Nous voici ?
38.36 Qui a
donné de la sagesse aux sombres nuages, Ou qui a donné de
l’intelligence aux nuées ?
38.37 Qui
compte avec sagesse les nues, Et les outres du ciel, qui les incline,
38.38 Quand
la poussière coule, puis se durcit, Et que les mottes de terre se
soudent entre elles ?
▲39.1 Chasses-tu la proie pour la
lionne ? Assouvis-tu la faim des lionceaux
39.2 Quand
ils se courbent dans les cavernes, Qu’ils se tiennent en embuscade dans
les taillis ?
39.3 Qui
prépare au corbeau sa pâture, Quand ses petits crient à Dieu, Qu’ils
errent sans nourriture ?
39.4
Sais-tu le temps où les chèvres des rochers mettent bas ? As-tu observé
quand les biches sont dans les douleurs ?
39.5
Comptes-tu les mois de leur gestation, Sais-tu le temps où elles font
leurs petits ?
39.6 Elles
se courbent, elles mettent bas leur portée, Elles se délivrent de leurs
douleurs.
39.7 Leurs
petits deviennent forts, ils grandissent en pleine campagne ; Les voilà
partis pour ne plus revenir vers elles !
39.8 Qui a
donné la liberté à l’onagre ? Qui a délié les liens de l’âne sauvage ?
39.9 J’ai
fait de la steppe sa demeure, De la terre salée son habitation.
39.10 Il se
rit du tumulte des villes, Il n’entend pas les cris d’un cocher.
39.11 Il
erre sur les montagnes pour trouver sa pâture, Il est à la recherche de
tout ce qui verdoie.
39.12 Le
buffle voudra-t-il te servir, Passera-t-il la nuit près de ta crèche ?
39.13
Attacheras-tu le buffle avec une corde pour le faire labourer ? Te
suivra-t-il pour herser les vallées !
39.14 Te
fieras-tu à lui parce que sa force est grande ? Lui remettras-tu tes
travaux ?
39.15
Compteras-tu sur lui pour amasser tes semailles Et amasser [le blé] sur
ton aire ?
39.16
L’aile de l’autruche s’agite joyeuse ; Est-ce l’aile et le duvet de la
cigogne ?
39.17 Non,
elle abandonne ses œufs à la terre, Elle les fait chauffer sur la
poussière.
39.18 Elle
oublie qu’un pied peut les écraser, Que les bêtes sauvages peuvent les
fouler.
39.19 Elle
traite durement ses petits, comme s’ils n’étaient pas à elle ; Son
travail sera vain, elle ne s’en émeut point.
39.20 Car
Dieu lui a refusé la sagesse, Il ne lui a pas départi d’intelligence.
39.21 Quand
elle prend son essor, Elle se rit du cheval et de son cavalier.
39.22
Est-ce toi qui donnes au cheval la force, Qui revêts son cou d’une
crinière frémissante ?
39.23 Le
fais-tu bondir comme la sauterelle ? Quand il hennit fièrement, c’est
la terreur !
39.24 Il
creuse le sol dans la vallée, et se réjouit de sa force, Il s’élance
au-devant des armes.
39.25 Il se
rit de la frayeur, il ne tremble pas, Il ne recule pas devant l’épée.
39.26 Sur
lui résonne le carquois, Brillent la lance et le javelot.
39.27
Bondissant, frémissant, il dévore le sol, Il ne se contient plus quand
résonne la trompette.
39.28 A,
l’ouïe de la trompette, il dit : Hourra ! De loin il flaire la guerre,
Les cris des chefs et le tumulte.
39.29
Est-ce grâce à ton intelligence que l’épervier prend son vol, Et qu’il
déploie ses ailes vers le sud ?
39.30
Est-ce à ton commandement que l’aigle s’élève, Et qu’il place si haut
son nid ?
39.31 Il
habite et niche dans les rochers, Sur les dents des rochers et les
lieux forts.
39.32 De là
il épie sa nourriture, Ses yeux l’aperçoivent de loin.
39.33 Ses
petits [déjà] se gorgent de sang ; Là où il y a des tués, il s’y trouve.
39.34
L’Éternel répondit à Job et dit :
39.35 Le
censeur disputera-t-il avec le Puissant ? Que celui qui fait la leçon à
Dieu réponde !
39.36 Job
répondit à l’Éternel et dit :
39.37 Ah !
Je suis trop peu de chose ! Que te répondrai-je ? J’ai mis la main sur
ma bouche.
39.38 J’ai
parlé une fois, et je ne répliquerai plus, Deux fois, et je ne
continuerai pas.
▲40.1 L’Éternel adressa la parole
à Job du milieu du tourbillon, et dit :
40.2
Voyons, ceins tes reins comme un homme ; Je t’interrogerai, et tu
m’instruiras.
40.3
Veux-tu donc anéantir mon droit, Me condamner pour te justifier !
40.4 As-tu
un bras pareil à celui de Dieu ? Peux-tu, comme lui, faire tonner ta
voix ?
40.5
Orne-toi de majesté et de grandeur ; Revêts-toi de splendeur et de
magnificence !
40.6 Donne
un libre cours aux accès de ta colère, Regarde tous les hautains et
abaisse-les !
40.7
Regarde tous les hautains, humilie-les ; Ecrase sur place les méchants.
40.8
Cache-les tous dans la poussière, Cache leurs visages dans l’obscurité.
40.9 Alors,
moi aussi, je te louerai De ce que ta droite te procure du secours.
40.10 Voici
l’hippopotame, que j’ai fait en même temps que toi ; Il mange de
l’herbe comme le bœuf.
40.11
Voici, sa force est dans ses reins, Sa vigueur dans les muscles de son
ventre.
40.12 Il
raidit sa queue comme un cèdre, Les nerfs de ses cuisses sont
entrelacés.
40.13 Ses
os sont des tubes d’airain, Ses côtes comme des barres de fer.
40.14 C’est
le chef-d’œuvre de Dieu ; Son créateur lui a fourni sa faux,
40.15 Car
des montagnes [entières] produisent son fourrage, Tandis que tous les
animaux des champs se jouent près de lui.
40.16 Il se
couche sous les lotus, Dans la retraite des roseaux et des marais.
40.17 Les
lotus le couvrent de leur ombre, Les saules de là rivière l’environnent.
40.18 Si un
fleuve s’emporte, il ne s’effraie pas, Il reste calme, quand un
Jourdain monte jusqu’à sa gueule.
40.19
Peut-on l’attaquer face à face, Le prendre dans des filets pour lui
percer le nez ?
40.20
Tireras-tu le crocodile à l’hameçon ? Lui presseras-tu la langue avec
ta ligne ?
40.21 Lui
mettras-tu un jonc dans le nez ? Lui perceras-tu la joue avec un
crochet ?
40.22
T’adressera-t-il de nombreuses supplications ? Te dira-t-il de douces
paroles ?
40.23
Fera-t-il alliance avec toi ? Le prendras-tu pour esclave à toujours ?
40.24
Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau ? Le mettras-tu à l’attache
pour tes jeunes filles ?
40.25 Des
associés en feront-ils commerce ? Le partageront-ils entre les
Cananéens ?
40.26
Couvriras-tu sa peau de dards, Sa tête de harpons ?
40.27 Porte
ta main sur lui ! Si tu songes à l’attaquer, tu ne recommenceras pas.
40.28
Voici, on est trompé dans son attente ; N’est-on pas atterré à son seul
aspect ?
▲41.1 Nul n’est assez téméraire
pour l’exciter ; Qui donc me résisterait en face !
41.2 Qui
m’a prévenu, pour que je doive m’acquitter envers lui ? Ce qui est sous
tous les cieux, est à moi !
41.3 Je
veux encore parler de ses membres, Louer sa force et la beauté de sa
structure.
41.4 Qui a
soulevé le dessus de son vêtement ? Qui pénétrera entre ses deux
mâchoires ?
41.5 Qui
ouvrira les portes de sa face ? Autour de ses dents habite la terreur.
41.6
Magnifiques sont les rangées de ses boucliers, Étroitement unis comme
par un sceau :
41.7 L’un
touche à l’autre, Et l’air ne pénètre pas entre eux.
41.8 Ils
sont soudés ensemble, Ils se tiennent et ne se laissent point séparer.
41.9 Ses
éternuements produisent un jet de lumière, Et ses yeux sont comme les
paupières de l’aurore.
41.10 Des
brandons sortent de sa gueule ; Des étincelles de feu s’en échappent.
41.11 De
ses naseaux sort de la fumée, Comme d’un pot bouillonnant et d’une
chaudière.
41.12 Son
souffle allumerait des charbons, Et une flamme part de sa gueule.
41.13 Dans
son cou réside la force, Et devant lui bondit la frayeur.
41.14 Les
fanons de sa chair sont fermes ; Coulés sur lui, ils ne branlent pas.
41.15 Son
cœur est dur comme la pierre, Dur comme la meule de dessous.
41.16 Quand
il se lève, les forts ont peur ; Ils s’enfuient éperdus.
41.17 Quand
on l’atteint de l’épée, elle n’a aucun effet, Non plus que la lance, le
dard et la cuirasse.
41.18 Il
estime le fer comme de la paille, L’airain comme du bois pourri.
41.19 La
fille de l’arc ne le met pas en fuite ; Les pierres de la fronde se
changent pour lui en chaume.
41.20 Il ne
fait pas plus de cas de la hache d’armes que du chaume Et il se rit du
frémissement du javelot.
41.21 Son
ventre est garni de tessons pointus ; Il laisse sur le limon
l’empreinte d’une herse.
41.22 Il
fait bouillonner le gouffre comme une chaudière ; Il rend la mer
semblable à un vase de parfumeur.
41.23 Il
laisse après lui un sillage lumineux ; On prendrait l’abîme pour une
chevelure blanche.
41.24 Il
n’a pas son semblable sur la terre ; Il a été fait pour être sans peur.
41.25 Il
regarde en face tout ce qui est élevé ; Il est le roi de tous les
fauves orgueilleux.
▲42.1 Job répondit à l’Éternel et
dit :
42.2 Je
reconnais que tu peux tout Et qu’aucun dessein n’est trop difficile
pour toi.
42.3 Qui
donc, privé de connaissance, voile la sagesse ? Oui, j’ai parlé sans
comprendre ; Ce sont choses trop élevées pour moi et que je ne
connaissais pas.
42.4
Écoute, je te prie, et je parlerai ; Je t’interrogerai, et tu
m’instruiras.
42.5 Mon
oreille avait entendu parler de toi ; Maintenant mon œil t’a vu.
42.6 C’est
pourquoi je me rétracte et je me repens Sur la poussière et sur la
cendre.
42.7 Après
avoir adressé ces paroles à Job, l’Éternel dit à Éliphaz de Théman : Ma
colère s’est embrasée contre toi et contre tes deux amis, car vous
n’avez pas parlé selon la vérité à mon égard, comme mon serviteur Job.
42.8 Et
maintenant prenez sept taureaux et sept béliers et allez vers mon
serviteur Job et offrez-les en holocauste pour vous, et mon serviteur
Job priera pour vous ; j’aurai égard à lui et ne vous traiterai pas
selon votre folie, car vous n’avez pas parlé selon la vérité à mon
égard, comme mon serviteur Job.
42.9 Et
Éliphaz de Théman et Bildad de Suach et Tsophar de Naama allèrent et
firent comme l’Éternel leur avait dit, et l’Éternel eut égard à Job.
42.10 Et
comme Job priait pour ses amis, l’Éternel le rétablit dans son ancien
état, et l’Éternel donna à Job le double de tout ce qu’il avait eu.
42.11 Tous
ses frères et toutes ses sœurs et tous ses amis d’autrefois vinrent
vers lui et mangèrent avec lui dans sa maison ; ils sympathisèrent avec
lui et le consolèrent au sujet de tous les maux que l’Éternel avait
fait venir sur lui, et lui donnèrent chacun une késita et un anneau
d’or.
42.12
L’Éternel bénit la fin de Job plus que son commencement, et il eut
quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille couples de bœufs et
mille ânesses.
42.13 Il
eut sept fils et trois filles.
42.14 Il
appela la première Jémima, la seconde Ketsia et la troisième
Kéren-Happuc.
42.15 Il ne
se trouva pas dans tout le pays de femmes aussi belles que les filles
de Job, et leur père leur donna un héritage parmi leurs frères.
42.16 Après
cela Job vécut cent quarante ans, et il vit ses fils et les fils de ses
fils, jusqu’à la quatrième génération.
42.17 Et
Job mourut âgé et rassasié de jours.
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- FIN -
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